Intervention de Marguerite Deprez-Audebert

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Questions sur l'efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarguerite Deprez-Audebert :

Madame la ministre, je souhaite à mon tour appeler votre attention sur la désertification médicale, problème bien connu qui entrave le bon fonctionnement des territoires et pèse sur les collectivités locales. Selon une enquête publiée en novembre dernier, près d'un médecin généraliste sur deux refuse de nouveaux patients, à l'échelle nationale. Dans ma région, les Hauts-de-France, classée dernière de notre pays dans toutes les statistiques de santé, la proportion atteint 59 %.

Si de nombreux patients ne sont déjà plus suivis par leur médecin traitant, d'autres risquent de perdre le leur. Faute de médecins, les patients vont à l'hôpital. Or il est inutile de rappeler que ces établissements sont déjà surchargés, souvent par des patients souffrant de pathologies mineures.

Les collectivités locales ont pris des mesures pour remédier au problème : agglomérations, villes et villages mettent désormais à disposition des maisons médicales et vont jusqu'à financer une partie de leur coût d'exploitation.

Je citerai deux exemples concrets dans mon territoire. Mont-Bernanchon, village de 1 360 habitants, a profité de la fermeture d'un café attenant à la mairie pour y installer une maison de santé – en réalité, on aurait besoin des deux ! Quant à la communauté de communes Flandre Lys, elle en sera bientôt à sa neuvième maison de santé pluridisciplinaire. Après avoir financé leur construction, elle participe au budget de fonctionnement de chacune d'entre elles, à hauteur de 300 000 euros. Vous aviez d'ailleurs inauguré la septième, madame la ministre.

Toutefois, appartient-il aux collectivités de puiser dans leur budget pour financer une politique de santé en principe nationale ? Par ailleurs, que vaudront les bâtiments si nous ne disposons pas des compétences humaines ?

Votée en juillet dernier, la suppression du numerus clausus est une première réponse apportée par la majorité présidentielle. Néanmoins, vous l'avez rappelé, il faudra attendre une dizaine d'années pour voir arriver ces nouveaux médecins.

Les nombreuses aides financières à l'installation des médecins généralistes constituent une autre solution. Cependant, selon Virginie Suau, présidente de NorAGJIR – Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants du Nord et du Pas-de-Calais – , les jeunes médecins ne les connaissent pas nécessairement, elles sont souvent trop disparates, et l'installation est encore trop contraignante pour les nouveaux diplômés, qui sont amenés à effectuer la plupart de leurs stages dans les hôpitaux des grandes agglomérations.

Madame la ministre, de quelle manière et dans quel délai les mesures, adoptées dans le cadre tant de la loi « ma santé 2022 », votée l'an passé, que des dernières lois de financement de la sécurité sociale, permettront-elles d'enclencher une nécessaire dynamique d'incitation et de facilitation, assurant une installation, dans les meilleures conditions, à tous les jeunes diplômés dans les territoires en proie à la désertification ?

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