Il n'y a pas de refus obstiné de ma part, madame Tolmont. Force est de constater que les oppositions prônent toujours des mesures d'installation coercitives mais ne les mettent jamais en place lorsqu'elles arrivent au pouvoir. Et ce n'est pas en raison de l'action de lobbies médicaux, comme certains le laissent entendre, mais parce que tout le monde sait qu'elles ne fonctionnent pas.
Je rappelle les arguments qui plaident en leur défaveur.
Premièrement, tous les pays qui ont mis en place de tels dispositifs de contrainte à l'installation y ont renoncé en raison d'effets d'aubaine qui nuisent considérablement à leur efficacité, notamment un déport vers des zones intermédiaires ou vers des spécialités médicales autres que la médecine générale. Cet échec a été constaté par tous mes homologues lors de la réunion du G7 que j'ai organisée à Paris, en mai dernier, sur le thème de la désertification médicale.
Deuxièmement, il est difficile de convenir qu'il existerait aujourd'hui des zones surdenses qui n'auraient pas vocation à bénéficier de l'installation de médecins généralistes. En matière de médecine générale, toute la France est, d'une certaine manière, en zone sous-dense ; le problème affecte l'ensemble du territoire.
Troisièmement, un conventionnement sélectif entraînerait des effets de contournement, avec un regain de l'exercice hospitalier ou de l'exercice salarié, ainsi que des déconventionnements qui feraient émerger une médecine à deux vitesses. En effet, les Français ont un tel besoin d'accéder aux soins qu'ils sont prêts à payer sans être remboursés. Or c'est une médecine que nous ne souhaitons pas, et le Parti socialiste pas davantage, j'en suis persuadée.
Enfin, certains renoncent à exercer la médecine : 25 % des médecins nouvellement diplômés, toutes spécialités confondues, ne s'inscrivent pas à l'ordre des médecins et n'exercent pas dans les filières de soin.
Nous devons rendre l'exercice de la médecine attractif, par des moyens incitatifs. Le conventionnement sélectif n'est pas une bonne mesure. Je pourrais reprendre les chiffres qui le montrent.
Nous avons préconisé d'autres solutions, très incitatives, notamment de coordination. Cette réflexion est sur le point, aujourd'hui, de porter ses fruits.