Votre intervention comporte beaucoup de questions.
S'agissant des certificats de décès, nous avons ouvert dans la loi relative à l'organisation et à la transformation du système de santé la possibilité de faire constater le décès par un interne en médecine ou par un médecin retraité. Pour cela, ils sont rétribués à hauteur de 100 euros par intervention. C'est une mesure incitative pour les encourager à s'engager et à aider les maires, dont je comprends le désarroi.
Par ailleurs, je pense que la médecine doit échapper à la marchandisation. Je constate aujourd'hui une offensive importante de sociétés de télémédecine, qui proposent des services qui, à mon sens, dévoient la médecine telle que je la conçois – je pense notamment à la société qui délivre des arrêts maladie, contre laquelle, je le rappelle, nous avons déposé un recours en justice.
Au-delà de cette problématique, la télémédecine doit s'inscrire dans un parcours de soins coordonné. C'est la raison pour laquelle les actes de téléconsultation ne sont remboursés par l'assurance maladie que lorsqu'ils sont pratiqués par un médecin connu du territoire, dans le cadre d'un exercice coordonné, ou par un médecin traitant.
Nous accompagnons également le développement des téléconsultations réalisées par des infirmiers ou des pharmaciens : ces dispositifs sont désormais prévus et financés. Nous allons progressivement ouvrir des possibilités de télésoin. Celui-ci doit se déployer, mais à condition de rester ancré dans le territoire, afin qu'en cas d'urgence ou de besoin, le patient puisse être réorienté vers des spécialistes par un médecin qui connaît le maillage territorial.
Je suis absolument opposée aux sites de télémédecine, parfois installés à l'étranger, qui offrent un service de type marchand. Ce n'est pas ma conception de la médecine.
Je tiens, enfin, à aborder un point que je n'ai pas évoqué en répondant aux précédentes questions et qui, pourtant, participe de la lutte contre la désertification médicale : l'éducation de la population. Je suis frappée par le nombre de nos concitoyens qui n'honorent pas leurs rendez-vous. À l'hôpital Cochin, par exemple, environ 20 % des consultations ne sont pas honorées : ce sont donc des centaines de plages horaires qui, chaque mois, pourraient être libérées pour ceux qui attendent un rendez-vous. Nous devons donc éduquer également la population à la nécessité de préserver le temps médical : or je crois que nous n'en parlons pas suffisamment.