Intervention de François Dos Santos

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Débat sur le projet hercule

François Dos Santos :

Monsieur le député, vous dites que tout cela se négocie dans le dos des Français : nous sommes tout à fait d'accord avec vous. Malheureusement, ce sont les mêmes éléments de langage ou à peu près qui sont répétés depuis six mois. Manifestement, il se passe beaucoup de choses, mais rien ne transparaît dans le discours public ; on ne sait pas ce qui se passe exactement à la Commission européenne ni à l'Élysée. Personnellement, je pense qu'il serait indispensable que la ministre vous donne des explications concrètes sur ce à quoi travaillent aujourd'hui les administrations – parce qu'elles travaillent indéniablement sur quelque chose. Nous regrettons ce manque de transparence.

Vous savez les contraintes que peuvent poser pour les salariés la financiarisation de certaines activités et le fait de faire entrer des actionnaires minoritaires dans une entité. D'ailleurs, comme EDF Bleu et EDF Vert n'auront pas exactement les mêmes actionnaires, les intérêts des actionnaires minoritaires de chacune des entités risquent d'être contradictoires. Cela pose problème. Ce qui est certain, c'est que quand on divise un objet en plusieurs parties, on prend le risque de fragiliser chacune d'elles, au gré de la conjoncture économique.

S'agissant d'EDF Bleu, il est certain que, l'essentiel de son activité concernant le nucléaire, la question de l'avenir de celui-ci sera déterminant pour la survie de l'entreprise. Si l'on ne met pas en service de nouveaux réacteurs en France, cela revient à expliquer à EDF Bleu qu'elle sera une structure de défaisance, qui n'aura plus d'activité à l'horizon 2050.

Quant à EDF Vert, j'y vois une menace essentiellement pour la direction commerciale. On sait que dans les prix de l'électricité sont incluses de nombreuses taxes. Il y a le prix de l'énergie proprement dite, qui correspond à la production et à ce qui est lié au réseau, le tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité, le TURPE : cela représente environ 95 % du prix du kilowattheure. Ce prix est le même quel que soit le fournisseur d'électricité. Les 5 % qui restent correspondent au coût des conseillers clientèle, des démarcheurs, des gens qui gèrent les factures, des systèmes d'information etc. C'est une machine à fabriquer du dumping social : comme tout se joue sur 5 %, pour être moins cher que le voisin, il faut énormément contracter les coûts, par exemple en implantant le centre d'appels à Lisbonne, au Cameroun ou au Sénégal ou en faisant tout faire en ligne par le client. Il n'y a pas 150 solutions pour être compétitif ! Le modèle d'EDF, avec ses 5 000 conseillers clientèle en France et des conseillers dédiés pour discuter avec l'assistante sociale et les publics précaires, n'a aucun avenir dans un contexte totalement libéralisé.

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