Le débat qui nous réunit aujourd'hui est profondément lié à la transition écologique et énergétique de la France. Dans les prochains jours, nous lancerons la consultation publique sur la programmation pluriannuelle de l'énergie et la stratégie nationale bas-carbone. Vous savez, pour l'avoir voté récemment, que ces deux documents visent le même objectif : réduire d'au moins 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, avec pour horizon la neutralité carbone en 2050.
La recherche de la neutralité carbone a deux conséquences pour notre politique énergétique. Nous devrons, d'une part, baisser significativement notre consommation d'énergie d'ici 2050, et, d'autre part, décarboner totalement la production d'énergie. Pour y arriver, trois vecteurs sont possibles : la chaleur issue de l'environnement, soit la géothermie et les pompes à chaleur ; la biomasse, dont le gisement est nécessairement limité ; enfin, l'électricité décarbonée. Nous ne partons pas de rien, puisque notre mix électrique est déjà largement décarboné grâce à la production nucléaire – qui représente 72 % de notre mix – et aux énergies renouvelables, notamment l'hydroélectricité. Mais nous ne pouvons pas en rester là. C'est pourquoi nous avons le double objectif, à moyen terme, d'augmenter la part des énergies renouvelables à 40 % du mix en 2030 et de ramener la part du nucléaire à 50 % en 2035.
La diversification du mix électrique a de nombreuses conséquences pour EDF. D'une part, afin de permettre la montée en puissance des moyens de production d'énergies renouvelables, EDF doit poursuivre l'exploitation du parc électronucléaire à cinquante ans et, surtout, ramener la part du nucléaire à 50 %. Cela signifie, concrètement, fermer quatorze réacteurs. C'est une transition majeure que nous allons accompagner, pour les territoires comme pour les salariés, en lien avec l'entreprise. La fermeture des deux réacteurs de Fessenheim dès cette année sera l'occasion de le démontrer. D'autre part, EDF doit confirmer sa place au coeur de la production d'énergies renouvelables. Je pense à l'hydroélectricité, qui représente 12,5 % de notre production électrique, et à l'éolien en mer où le groupe est déjà présent, avec quatre des sept parcs attribués ; pour le solaire, l'entreprise a proposé un plan ambitieux qui vise 30 gigawatts de puissance installée d'ici 2035.
La diversification de la production et de la consommation d'électricité a également des conséquences sur les réseaux. RTE, le Réseau de transport d'électricité, a publié récemment son schéma décennal de développement : 33 milliards d'euros devront être investis dans les quinze prochaines années pour rénover les réseaux, les adapter, les numériser, en augmenter les interconnexions et, enfin, raccorder l'éolien en mer. Pour la distribution, les défis à relever sont l'intégration des nouveaux moyens de production, éoliens ou solaires, et l'intégration des nouveaux usages, au premier rang desquels la mobilité électrique. Pour répondre à cette nouvelle réalité, les investissements d'Enedis seront en hausse de 5,8 % en 2020 par rapport à 2018.
Décarboner notre mix énergétique, diversifier nos sources électriques et les intégrer, répondre aux nouveaux usages : ce sont bien des enjeux majeurs pour EDF et pour l'avenir du groupe. Ces enjeux sont autant de priorités pour l'action du Gouvernement, qui entend mettre en oeuvre la transition énergétique et électrique de notre pays. Cela implique qu'EDF, premier acteur du secteur, dispose de capacités d'investissement accrues pour être au rendez-vous de la transition énergétique dans toutes ses composantes. C'est dans ce contexte que le Gouvernement a demandé au président d'EDF de lui faire des propositions d'évolution de l'organisation du groupe, qui devront être remises au 1er semestre 2020. J'insiste sur ce point : le projet devra maintenir une entreprise publique et intégrée. Il devra également prendre en considération les retours de la concertation menée au sein de l'entreprise avec le corps social. Enfin, il devra prendre en compte le nouveau cadre de régulation du nucléaire historique, car c'est un autre chantier tout aussi important pour la transition énergétique de notre pays.
Avec la nouvelle régulation, notre objectif est double. Tout d'abord, protéger les consommateurs contre la hausse des prix de l'électricité. Puisqu'ils ont contribué au financement du parc nucléaire historique, ils ont financé un outil de production décarboné ; il est donc légitime de les protéger de la volatilité des prix du pétrole, du charbon et du gaz. Notre second objectif est de sécuriser les investissements nécessaires pour le parc de production en cas de baisse des prix. Pour atteindre ces deux objectifs, nous avons engagé, au niveau européen, des échanges sur cette nouvelle régulation du nucléaire historique et j'ai moi-même rencontré la commissaire Vestager en novembre pour lui présenter le projet.
Mesdames et messieurs les députés, nous avons un objectif partagé : réussir la transition écologique de notre pays et atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Le succès passe par la transition énergétique de notre pays et, disons-le, par sa transition électrique. Pour y arriver, nous avons besoin de l'implication d'EDF. Nous avons besoin que l'entreprise dispose d'une organisation adaptée pour être, ensemble, au rendez-vous des défis du XXIe siècle.