Intervention de Aude Bono-Vandorme

Séance en hémicycle du jeudi 16 janvier 2020 à 9h00
Coopération en matière de défense avec l'albanie et chypre — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Bono-Vandorme :

C'est au nom du groupe La République en marche que je m'exprime ici ce matin, et, vous vous en doutez, mon groupe votera pour le projet loi autorisant l'approbation de deux accords de coopération en matière de défense, l'un avec la République de Chypre, l'autre avec celle d'Albanie.

Après son dépôt, l'examen du projet de loi a été renvoyé au fond à la commission des affaires étrangères ; la commission de la défense nationale et des forces armées, saisie pour avis, m'a désignée comme rapporteure. Je m'exprimerai donc essentiellement sur les enjeux militaires des deux accords.

Tout d'abord, l'accord franco-chypriote est assez classique pour un accord de défense. À la lecture attentive de sa lettre, il présente cependant l'intérêt de mettre un accent particulier sur les facilités opérationnelles et logistiques accordées à nos forces par les autorités chypriotes dans leurs bases, notamment navales. En effet, l'île de Chypre constitue un point d'appui très précieux pour nos opérations, dans une zone de premier intérêt pour notre politique de défense : la Méditerranée orientale, donc le Proche-Orient. C'est une zone où nos armées sont conduites à intervenir, à trois titres au moins.

Elles interviennent d'abord pour la protection de nos ressortissants. On se souvient qu'en 2006, lors de la dernière crise libanaise, 78 000 citoyens français et européens avaient dû être évacués, et qu'ils l'avaient été en passant par Chypre. Nul ne souhaite que nous ayons à le faire de nouveau mais, compte tenu de l'instabilité croissante de la région, il faut nous y préparer. Nos armées le font et ont besoin, pour cela, d'un point d'appui bien assuré à Chypre.

Deuxièmement, dans cette région instable, nos armées peuvent être conduites à remplir tous types de missions autres que l'évacuation de nos ressortissants, qu'il s'agisse d'interventions armées ou de missions de renseignement. Dans tous les cas, la position de Chypre et l'accès à ses infrastructures militaires sont des plus précieux.

Troisièmement, nous avons des intérêts majeurs en mer. Comme vous le savez, chers collègues, des gisements d'hydrocarbures prometteurs ont été trouvés dans la zone économique exclusive – ZEE – chypriote, dont l'essentiel de l'exploitation a été concédé au groupe français Total et à la société italienne Ente nazionale idrocarburi – ENI. Mais la Turquie, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne joue pas toujours un rôle stabilisateur dans la zone, conteste la ZEE chypriote, pourtant internationalement reconnue, et conduit des opérations navales d'intimidation contre les navires pétroliers français et italiens. Les Italiens, faute d'appui militaire suffisant, ont déjà dû rebrousser chemin. Par chance, et grâce à notre bonne implantation à Chypre, les manoeuvres turques ont tourné court.

L'accord de coopération franco-chypriote permet de consolider ce partenariat, dans un contexte où d'autres puissances, comme la Russie, cherchent à s'implanter à Chypre, avec le risque de nous y supplanter.

Quant à l'accord avec l'Albanie, lui aussi de facture classique, il vise à approfondir notre coopération de défense avec ce pays passé, en deux décennies, de la position de consommateur de sécurité à celle d'acteur fiable et responsable au service de la stabilité des Balkans. Nous l'avons tous à l'esprit : les Albanais ont pu être déçus que l'Union européenne considère que leur pays ne remplissait pas tous les critères requis pour y adhérer. La ratification de cet accord survient donc au bon moment pour montrer aux Albanais qu'ils n'en sont pas moins, pour nous, des partenaires de premier choix dans une région où la France met en oeuvre une stratégie globale de développement de son influence et de sa coopération.

Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, le groupe La République en marche votera pour ce texte.

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