Nous examinons aujourd'hui le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le gouvernement de la République française et le conseil des ministres de la République d'Albanie relatif à la coopération dans le domaine de la défense, et de l'accord de coopération en matière de défense avec le gouvernement de la République de Chypre.
Tandis que nous entretenons avec Chypre une relation ancienne en matière de coopération militaire, celle que nous avons avec l'Albanie se trouve encore à l'état embryonnaire. Il est donc évident que ces deux accords n'ont pas la même portée. Cependant, il est important que, dans un cas comme dans l'autre, nous puissions entretenir et faire progresser notre coopération militaire avec ces pays qui occupent des places stratégiques dans leur environnement géographique.
Intéressons-nous tout d'abord à Chypre. Comme l'a rappelé le rapporteur, la France en est le deuxième partenaire militaire. Cela explique notamment le rôle que nous continuons de jouer au Levant pour tenter d'apaiser et de résoudre les conflits qui s'y déroulent depuis des décennies. La Méditerranée orientale, Chypre en particulier, constitue depuis des siècles un point d'appui pour la France lorsqu'elle est amenée à conduire des opérations militaires dans la région.
La République chypriote est de fait un partenaire stable qui nous permet de garantir, entre autres, la sécurité de nos ressortissants dans la région en leur offrant, le cas échéant, un refuge – notamment depuis le Liban. Nous avons tous ici en mémoire l'opération d'évacuation de ressortissants français et européens menée lors de la crise de 2006.
Par ailleurs, Chypre est aujourd'hui confrontée à des défis importants en matière de sécurité et de défense, dus à l'instabilité chronique de la région, à l'aggravation des conflits et au changement de doctrine de certains de ses puissants voisins. De fait, la relation de Chypre avec la Turquie ne manque pas d'inquiéter, alors qu'un conflit latent, qui n'est toujours pas résolu, se prolonge depuis 1974, date de la partition de l'île. Tandis que les velléités turques se font de plus en plus pressantes et que leur interventionnisme dans la région est source de déstabilisation, nous devons plus que jamais nous tenir aux côtés de notre allié chypriote pour lui assurer notre protection. C'est le sens même de l'accord qui nous est soumis aujourd'hui.
De surcroît, Chypre a toujours soutenu l'Europe de la défense et a relancé un programme d'acquisition de matériel militaire que nous appuyons.
Tout autre est la situation de l'Albanie, qui n'a pas à faire face à une menace aussi immédiate et pressante que Chypre. Si notre relation militaire avec l'Albanie est beaucoup plus modeste, ce pays est aujourd'hui stabilisé d'un point de vue politique autant qu'économique et c'est donc un partenaire fiable avec lequel nous pouvons travailler.
Les enjeux sont également d'un autre ordre avec l'Albanie, soumise en effet à une forte tension interne due à la criminalité organisée et à l'islamisme radical. Il nous faut l'accompagner pour régler ces problèmes, d'ailleurs plus largement ceux des Balkans dans leur ensemble. D'un point de vue opérationnel, l'Albanie est un pays tourné vers la mer avec une importante tradition portuaire et d'industrie maritime sur laquelle nous pouvons nous appuyer.
Notre relation militaire doit donc s'élargir, notamment avec l'incorporation de stagiaires dans les écoles militaires, qui constitue un levier d'influence essentiel. Il me semble que ces considérations progressent ; nous prenons progressivement conscience que la formation peut constituer un axe intéressant de notre politique d'influence, comme le montre la réouverture d'un poste d'attaché de défense à Tirana.
Ces deux accords sont donc des éléments importants de notre investissement militaire et sécuritaire dans les Balkans et en Méditerranée orientale. Il s'agit d'un espace que nous ne pouvons et ne devons pas abandonner. C'est pourquoi le groupe du Mouvement démocrate et apparentés soutiendra le projet de loi.