Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 6 novembre 2019 à 16h40
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

Mon général, vous avez décrit la situation à laquelle nous sommes confrontés de façon très précise et à dire vrai assez préoccupante : un monde affecté par des crises de plus en plus nombreuses et protéiformes, aux modalités de moins en moins encadrées juridiquement et dont la durée serait de moins en moins bornée. Entre temps de guerre et temps de paix se constitue donc une zone intermédiaire dans laquelle nous allons vivre durablement. Vous avez aussi évoqué les problèmes capacitaires, soulignant que si, grâce à la loi de programmation militaire, nous sortons de la grande misère antérieure, nos moyens restent extrêmement limités et que notre effort devrait de toute manière être relayé par une coopération internationale avec des gens qui pensent et qui agissent comme nous. C'est sur ce point que je souhaite vous interroger, car nous avons sur ce plan une grande difficulté à définir ce que nous souhaitons en matière de coopération.

On a d'abord un choix entre des coopérations avec des institutions multilatérales ou avec des États dans un cadre bilatéral. Sur le plan multilatéral, vous avez parlé de l'ONU et souligné les possibilités qu'elle offre mais aussi ses limites. Avec l'OTAN, nous sommes dans une situation très délicate car doublement paradoxale : d'une part, nous avons des alliés qui, que l'on parle des Allemands, des Américains ou des Turcs, sont de moins en moins nos amis, ce qui pose un problème ; d'autre part, l'OTAN a été conçue pour travailler en zone européenne et nous devons faire face à des menaces, des sollicitations et des enjeux qui sont hors de cette zone. Il y a ensuite l'Union européenne : que peut-on faire au niveau de l'Union en tant que telle par rapport à des coopérations bilatérales, notamment avec nos deux partenaires européens principaux depuis toujours ? Avec le Royaume-Uni, nous avons conclu les très importants accords de défense de Saint-Malo et de Lancaster, et nos cultures militaires sont assez proches. C'est un des drames du Brexit que de nous éloigner sur ce plan ; que pourrons-nous continuer à faire avec les Britanniques et les Allemands ? Á ce sujet, je relaye la question que nous nous posons à propos de l'accord sur le transport aérien tactique. Certains de nos collègues s'inquiétaient ce matin de savoir si cette sorte d'intégration des forces franco-allemandes à la base aérienne 105 d'Évreux ne risquait pas de freiner notre action, les Allemands réagissant beaucoup plus lentement que nous, quand ils n'exercent pas un veto sur une capacité d'action. N'y a-t-il pas là une sorte de double clé qui ferait que nous ne serions plus maîtres de nos engagements ? Plus généralement, est-ce qu'en nous rapprochant des autres nous ne nous limitons pas nous-mêmes ? C'est un problème conceptuel très compliqué.

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