Au-delà, il faut mettre en place une véritable stratégie pour mener à bien la gestion d'un contrat d'une durée de 35 ans. Aujourd'hui nous avons l'impression d'une gestion au fil de l'eau. Concernant la nécessité des nouveaux programmes et l'entretien, les commandants de base de défense font remonter les besoins exprimés et les informations en leur possession à la DPMA par le biais des bureaux logements. Cependant, même lorsqu'ils disposent de terrains disponibles à la construction en zones tendues, les commandants de base de défense s'étonnent parfois de ne pas recevoir de réponse positive des autorités, comme ce fut le cas dans la base de défense de Cazaux où il nous a été rapporté que des terrains de proximité ont été ignorés au profit de la réalisation de constructions plus lointaines dans une zone où les besoins étaient moindres. Les processus de prise de décision quant à la construction, ou non, de logements apparaissent de fait assez obscurs. Il est donc nécessaire de mettre en place une stratégie accompagnée d'une forme de transparence, afin que les commandants de base de défense sachent, à un horizon de cinq ans, où il est prévu de bâtir.
Cela m'amène à répondre à Jean-Michel Jacques à propos de la professionnalisation et de l'externalisation du service. Nous nous sommes évidemment posé la question de la privatisation du service du logement. S'il ne s'agit pas de remettre en question la bonne volonté des personnels, qui se traduit indéniablement par un véritable souci de rendre le meilleur service possible, la gestion au fil de l'eau que j'évoquais n'est pas satisfaisante. Elle est mal organisée, empirique, et les personnels eux-mêmes sont placés dans une position délicate par rapport aux demandeurs. Nous nous sommes rendus au bureau régional du logement d'Île-de-France où nous avons rencontré les personnels. Leur engagement est réel. Mais dans le même temps, on entend dire que lorsqu'ils déménagent de Guyane à Paris, par exemple, des militaires parviennent difficilement à joindre un interlocuteur par téléphone et reçoivent seulement des réponses laconiques par courriel. L'absence de rapports humains a ainsi souvent été déplorée. Ce qu'il faut avant toute chose, c'est ré-humaniser.
Pour ma part, je ne suis pas persuadé que privatiser l'ensemble permettrait de gagner en humanité. En outre, il est nécessaire de détenir une connaissance des métiers militaires et des spécificités des trois armées. Or, en privatisant, je crains que nous ne perdions cette connaissance des métiers militaires et de leurs contraintes. Aujourd'hui, les personnels qui sont affectés dans ces services, quelle que soit la formation dont ils proviennent, savent quelles sont les nécessités de la vie militaire et ce qu'impliquent les mutations.