Je sais le secrétaire d'État Adrien Taquet sensible à toutes les situations qui mettent l'enfance en danger. La loi existe mais rien n'est fait. L'arsenal juridique constitué par l'article 227-24 du code pénal ne porte pas ses fruits, même complété par l'article 11 de la proposition de loi visant à protéger les victimes de violences conjugales, qui sera bientôt examinée en séance.
« La protection de l'enfance est un défi majeur pour notre société » : ces mots sont les vôtres, monsieur le Premier ministre. Un an après, presque jour pour jour, je voudrais vous remercier d'avoir affirmé cette évidence.
En 2000, mes élèves de CM1 et de CM2, âgés de 10 ou 11 ans, étaient déjà concernés. Internet n'est pas le seul responsable, c'est évident. Il s'agit désormais d'un combat de santé publique. Aujourd'hui, 80 % des enfants de 11 ans ont été confrontés à la pornographie, et 8 % des 14 et 15 ans sont considérés comme étant tombés dans l'addiction, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas s'empêcher d'en regarder plusieurs heures par jour !
Nous sommes face à un problème de dépendance : dépendance aux écrans et à la pornographie qui instaure une vision totalement biaisée de l'amour et du sexe. La violence vue est reproduite, même les adultes le confessent. Cette violence est vécue comme un viol par les enfants. La pornographie sexualise les enfants, chosifie la femme, déshumanise la sexualité, détruit les familles.
Nos enfants sont en danger. La lutte contre le cancer a déjà été choisie cinq fois comme grande cause nationale et la lutte contre les violences faites aux femmes l'a été deux fois, en 2018 et 2019. La protection des mineurs contre la pornographie devrait et pourrait rassembler tous les membres de cet hémicycle si nous faisions de la politique comme nous l'avions promis. À l'heure où notre pays a besoin d'unité, monsieur le Premier ministre, êtes-vous favorable, oui ou non, à ce que la protection des mineurs contre la pornographie…