Madame la ministre des solidarités et de la santé, le système de santé est en train d'imploser. La semaine dernière, 1 200 chefs de service menaçaient de démissionner car, selon leur propre expression, ils en ont marre d'être infantilisés, soumis à des impératifs de rentabilité qui déshumanisent la médecine. Cette semaine, ce sont les internes qui se mobilisent, et aussi les infirmiers libéraux, qui protestent contre la limitation du nombre de kilomètres facturables et la forte baisse des forfaits de prise en charge pour les pathologies lourdes à domicile. Mentionnons aussi le forfait de réorientation de 60 euros visant à rediriger les patients des urgences vers la médecine libérale, donc à payer les gens pour que des malades ne se fassent pas ne pas soigner par le service public.
Aucun territoire, aucun hôpital n'est épargné par cette situation, de Bonifacio à Dunkerque, d'Ajaccio à Paris. Plusieurs plans ont été présentés : « Ma santé 2022 » et deux plans d'urgences en septembre et décembre 2019. Mais malgré toutes vos annonces et bien que certaines aillent dans le bon sens, la confiance n'a pas été rétablie. Comment l'expliquez-vous ?
Arrêtons d'additionner les plans. Il est urgent d'organiser, comme les professionnels de santé le demandent, un véritable Grenelle de la santé pour sauver l'hôpital public et plus généralement notre système de soins.
Madame la ministre, je vous sais convaincue de la nécessité d'aller plus loin, mais nous attendons des mesures concrètes du Gouvernement. Allez-vous au moins recevoir et écouter le collectif inter-hôpitaux au cours des prochains jours ? Qu'allez-vous répondre à tous ces professionnels de santé, plus qu'engagés dans les territoires pour soigner nos concitoyens ?
Sans nouvelle mesure, notre système de santé va droit dans le mur. Aurez-vous le courage d'appuyer sur le frein ?