Vos exposés, en particulier celui de Mme Rauch, m'ont rappelé la phrase du général de Gaulle évoquant l'ONU, ou plutôt, l'organisation des Nations désunies ou mieux encore, la désorganisation des Nations désunies. Nous sommes dans une crise très profonde du multilatéralisme. Assez curieusement, cela semble être une lutte entre Washington et New York, l'esprit multilatéral régnant à New York et l'esprit d'unilatéralisme à Washington. Y a-t-il véritablement une structuration des partisans du maintien d'une organisation multilatérale forte au sein des Nations unies ou tout le monde agit-il individuellement ? Cette cause mérite d'être défendue solidairement et multilatéralement.
Tous les sujets que vous avez abordés sont fondamentaux. L'ONU devrait intervenir dans tous les domaines et chaque fois, des enjeux énormes sont en cause. Or, il n'est pas possible d'avoir la même efficacité partout. On est plus ou moins efficace selon que l'on a des instruments administratifs, comme le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, (HCR), qui permettent d'agir directement sur le terrain, ou que l'on en soit simplement réduit à essayer d'organiser des accords interétatiques et intergouvernementaux. À ce sujet, les médiateurs de l'ONU tentent de faire pression sur les États, mais n'ont guère de pouvoir. En plus, les priorités ne sont pas forcément les mêmes sur tous les pays. Nous, Européens, serions intéressés par le développement de compétences en matière de contrôle d'aide à la gestion des migrations territoriales. Nous sommes particulièrement exposés vis-à-vis de l'Afrique et du Moyen-Orient sur ces sujets-là. Nous avons là un enjeu prioritaire.
Le combat en faveur des femmes à l'intérieur de l'ONU devrait être une priorité pour la France. Nous pourrions nous élever de la dix-neuvième place des contributeurs à ONU Femmes sans mettre à mal les finances de l'État. Quelles seraient, selon vous, les priorités politiques auxquelles nous devrions accrocher notre drapeau ?