Vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, la politique d'influence de la France passe par la diplomatie culturelle. Celle-ci intègre-t-elle à vos yeux l'enjeu de la restitution des oeuvres d'art à l'Afrique et, si oui, quel sens lui donnez-vous ? Partagez-vous l'idée qu'il s'agit d'une tardive repentance de l'ère postcoloniale, d'un droit au patrimoine pour la jeunesse africaine ?
Dans le rapport de M. Selwin Sarr et de Mme Bénédicte Savoy sur la restitution du patrimoine culturel africain remis au Président de la République en novembre 2018, il est rappelé que la quasi-totalité du patrimoine matériel des pays d'Afrique situés au sud du Sahara se trouve hors du continent africain. En conclusion de leur travail, les auteurs appellent de leurs voeux une réparation, un rééquilibrage de la géographie culturelle, un nouveau départ fondé sur une autre éthique relationnelle.
Pensez-vous que ces restitutions intéressent d'une manière générale les populations d'Afrique noire ? Je conclurai sur l'exemple du Bénin, qui ne peut pas accueillir les vingt-six oeuvres d'art restituées par la France avant un délai de deux ans nécessaire à la construction du musée d'Abomey. La population ne voit d'ailleurs pas forcément d'un bon oeil ces restitutions, qui posent des problèmes politiques.