Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 22 janvier 2020 à 11h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères :

Sachez que je suis très heureux d'avoir pu participer à cette réunion. Elle devait initialement se tenir plus longuement hier, mais j'ai dû me rendre en Algérie pour rencontrer le nouveau Président de la République algérienne. Je suis prêt à revenir devant vous pour répondre aux questions, car beaucoup de sujets passionnants ont été abordés, et je ne pourrai leur accorder le temps nécessaire.

Je répondrai sur quelques points qui peuvent être traités rapidement dans les minutes qui me restent.

L'ALIPH est parvenue à soulever 80 millions de dollars de fonds, et la France y contribue à hauteur de 30 millions. Les 42 projets identifiés sont donc situés dans toutes les zones où des conflits ont entamé ou détruit des éléments de patrimoine, notamment en Irak, au Yémen, en Afghanistan, au Mali. Les premiers projets concernent Mossoul, ce qui est symboliquement très fort, et porteront à la fois sur une mosquée et sur une église chrétienne, si mes souvenirs sont bons. Cette action est vouée à se poursuivre sur le long terme, en partenariat avec les Émirats arabes unis, qui en sont des contributeurs significatifs.

Monsieur Minot, si nous voulons réussir le pari d'atteindre le chiffre de 700 000 apprenants – et nous en avons déjà gagné 20 000 depuis que le Président de la République a pris cet engagement, il est impératif que nous recrutions des enseignants locaux, à condition qu'ils soient formés. C'est toute l'importance des outils de formation que nous allons mettre en place sous le contrôle de l'AEFE. Il est également essentiel que ce soit l'Agence qui homologue les établissements : pour qu'une école française soit ouverte, il faut que la qualité de l'encadrement et des enseignants soit reconnue. Les parents ne scolariseraient pas leurs enfants dans un établissement qui ne serait pas labellisé. Dans certains pays, la procédure commence à être rodée, et la Tunisie en est l'illustration, mais il faut poursuivre nos efforts.

Sur l'audiovisuel, notamment Salto et France 24, je répondrais de manière complète à une autre occasion.

S'agissant de la restitution des oeuvres d'art, elle a déjà commencé. Je me trouvais voilà quelques jours avec le Premier ministre à Dakar, où nous avons remis le sabre d'El Hadj Oumar Tall aux autorités sénégalaises.

Vous m'avez interrogé sur les vingt-six oeuvres d'art qui attendent d'être restituées au Bénin, monsieur Kerlogot. Le Président de la République s'est engagé à une politique patrimoniale de restitution des biens culturels non pas par repentance, mais par coopération. Une première difficulté est d'ordre juridique : un acte législatif, un accord de coopération culturelle ad hoc serait nécessaire pour chaque oeuvre restituée, dans un cadre législatif modifié. Nous allons donc engager cette procédure. L'autre difficulté est de s'assurer de la coopération du pays demandeur pour que les objets concernés soient visibles dans un cadre muséal et culturel, ce qui pose problème pour le Bénin. Nous travaillons avec l'AFD à financer la construction d'un musée dans le nord de ce pays pour accueillir les oeuvres d'art restituées.

Quant à la restitution des restes humains identifiés, qui sont généralement conservés au Museum national d'histoire naturelle, nous sommes en train d'élaborer avec le ministère de la culture un dispositif législatif pour la rendre possible ; ceci concernerait non seulement l'Algérie, mais aussi l'Australie et l'Argentine. Il appartiendra évidemment à la représentation nationale de légiférer pour toute restitution vers le pays d'origine. Nous en avons d'ailleurs discuté hier avec les Algériens, et un tel accord devrait normalement faire prochainement l'objet d'un texte de loi.

Je m'en tiendrai là, mais je m'engage à revenir devant vous pour répondre à l'ensemble des questions posées. Le problème, vous l'aurez compris, est que mon agenda est aléatoire.

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