Intervention de Agnès Thill

Réunion du mercredi 22 janvier 2020 à 15h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

Je suis à la fois interrogative et dubitative, à l'instar de mon collègue Paul Molac, comme moi signataire de cette proposition de loi. J'en comprends néanmoins la portée éminemment politique et symbolique. Ce texte reflète en effet le paradoxe de notre époque qui souhaite urbaniser la ruralité et ruraliser le milieu urbain.

Je tiens à remercier vivement notre collègue Morel-À-L'Huissier de cette initiative, car ce texte envoie un message fort : le chant du coq, le tintement des cloches ou l'odeur des fermes font effectivement partie intégrante de l'ADN de notre pays et de nos campagnes et constituent un héritage immémorial qui lie notre passé à notre présent. Cependant, j'aimerais nuancer mon propos, car je trouve désolant que l'on soit réduit à devoir préciser des choses aussi évidentes, que l'Assemblée nationale doive légiférer pour protéger des choses aussi naturelles que le braiment des ânes et l'odeur du fumier.

Surtout, cette proposition de loi renvoie à une réalité beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît : elle met en évidence le déracinement d'une partie croissante de la population ainsi que l'inquiétante judiciarisation des rapports sociaux. Si les Français ne savent plus ce qu'est une campagne, la nature ou un village, je crains qu'un texte de loi ne soit pas suffisant pour leur faire retrouver le sens du réel.

Je soutiens ce texte de bon sens visant à protéger le patrimoine sensoriel des campagnes, mais conclurai mon propos en posant néanmoins cette question : n'est-il pas absurde de devoir préciser par la loi les évidences naturelles ?

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