Vos questions montrent tout l'intérêt que vous portez à la qualité de la gestion de la dette française. Je remercie ceux qui ont salué sa bonne gestion.
Pourquoi émettre sur des souches anciennes ? Quand la décision a été prise en 2009, nous faisions face à une brutale augmentation des besoins de financement de l'État et notre situation face au crédit était tendue – nous avions subi plusieurs dégradations. Or les analystes de marché et les agences de notation observent tous le même indicateur : l'écart (spread) de taux entre la France et l'Allemagne, et particulièrement sur les taux à dix ans.
Avant la crise, notre programme de financement oscillait autour de 100 milliards d'euros par an ; avec la crise, il était passé à 180 milliards d'euros par an. Comme par le passé, nous aurions pu émettre de nouveaux titres de référence, mais risquions alors d'alourdir la quantité de titres émis sur la maturité à dix ans et de mettre du coup le spread France-Allemagne sous pression. Nous avons choisi de diversifier : en effet, certains points de courbes – entre sept et neuf ans ou douze et quinze ans – peuvent être demandés quand les titres n'ont pas été réémis depuis longtemps et sont extrêmement bien valorisés. Cela nous permettait d'émettre dans de bonnes conditions pour l'État, tout en réduisant la pression sur les titres de référence.
C'est donc bien la volonté de réduire la pression sur le spread France-Allemagne et de rendre la courbe liquide en tous les points qui nous a conduits à modifier nos principes d'émission en 2009. Auparavant, nous ne réémettions jamais sur d'anciennes souches, sauf pour certains titres à cinquante ou trente ans, comme ce fut le cas entre 2006 et 2010 pour le titre à cinquante ans créé en 2005.