Voilà un débat important sur notre aide publique au développement qui, de façon rassurante, intervient à quelques semaines de la discussion parlementaire sur la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales. Cette traduction dans la loi de l'engagement pris par le Président de la République de consacrer 0,55 % de notre richesse nationale au développement, et plus largement d'impulser une nouvelle donne dans la politique française de développement, comme il le fait depuis le début de son mandat, constituera un moment fort.
Cette nouvelle donne est d'abord d'ordre financier : après une baisse des crédits budgétaires depuis 2010, l'aide publique au développement française augmente régulièrement depuis 2017 ; nous atteindrons ainsi 0,55 % du revenu national brut en 2022. Les autorisations d'engagement inscrites dans le budget de l'an dernier et dans celui de 2020 sont d'ailleurs là pour le prouver. Cet engagement a fait l'objet de débats dans l'hémicycle, mais au-delà de la trajectoire financière, nous devrions plutôt nous attacher à ce qui va augmenter dans l'enveloppe globale consacrée à l'aide publique au développement et mettre l'accent sur les crédits budgétaires de cette mission comme sur les ressources du Fonds de solidarité pour le développement, autrement dit celles qui sont destinées au terrain.
J'en viens au deuxième aspect essentiel de cette nouvelle donne : la qualité et l'efficacité de notre aide publique. Dès 2017, le Président de la République avait tracé une feuille de route qualitative pour notre APD. L'objectif est de gagner en innovation et en intelligence, d'employer des méthodes différentes et de donner plus de responsabilités aux acteurs présents sur place, afin que cette aide arrive de manière simple et efficace sur le terrain et fasse l'objet d'une évaluation.
Ces orientations, qui doivent guider le débat parlementaire qui s'engagera prochainement, constituent une vraie feuille de route, validée il y a deux ans par le CICID et qui transforme profondément l'utilisation des ressources mobilisées pour notre aide publique au développement.
L'aide doit être plus bilatérale – nous l'avons tous dit ici – , ce qui ne signifie pas que nous devons négliger la dimension multilatérale. L'effort important consenti par la France dans le cadre de la conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a d'ailleurs été rappelé. La part des dons devra augmenter fortement par rapport à celle des prêts, et être davantage orientée vers la société civile.
L'allocation de notre aide publique devra répondre à des priorités géographiques – les dix-neuf pays les plus pauvres, tous africains sauf Haïti – et sectorielles : l'éducation et la santé, la lutte contre le changement climatique, mais aussi l'adaptation des pays les plus pauvres à cette situation et l'égalité entre les femmes et les hommes. La lutte contre les fragilités constitue une autre priorité, car si on veut que notre politique d'aide au développement soit efficace, on sait qu'il est urgent de renforcer la gouvernance pour restaurer la confiance des populations dans les autorités publiques sur le terrain, par exemple dans les pays du Sahel.
Priorité aux dons, aux pays les plus pauvres et à la lutte contre les fragilités : il y a là une cohérence. On sait bien, par exemple, que le Sahel a besoin de dons et non de prêts et qu'il faut lutter contre les fragilités et investir dans les secteurs sociaux. Les priorités, telles qu'elles seront affirmées dans le projet de loi, sont la marque de la cohérence de l'aide publique au développement française.
Je veux également saluer l'élan diplomatique redonné, à travers ces engagements, aux questions de développement et plus largement à la réalisation des objectifs de développement durable. Comme l'a montré le Président de la République il y a quelques mois à Biarritz… ,