Intervention de Marc Le Fur

Séance en hémicycle du mercredi 5 février 2020 à 15h00
Débat sur la politique de développement et de solidarité internationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Nous devons avoir des objectifs clairs, ambitieux – d'après la tendance, l'augmentation serait de 5 milliards – et réalistes : les Allemands et les Britanniques consacrent 0,7 % de leur revenu national brut à l'APD, c'est donc possible !

Puisque les contribuables seront sollicités, il faut aussi que les Français s'y retrouvent. Nous avons nos propres problèmes. Je souhaite très explicitement, en regrettant que peu de collègues en aient parlé, que les entreprises s'y retrouvent. Nos entreprises font des choses formidables. Je pense au TGV marocain, dû à l'effort des Marocains, mais aussi à nos belles entreprises. Je pense également au TER de Dakar, bientôt en circulation, grâce aux efforts d'Eiffage. Il faut savoir saluer ces entreprises qui ont décidé de s'investir durablement en Afrique, alors même qu'elles sont dénoncées par une certaine presse. Je voudrais ici rendre hommage à la constance d'un groupe comme Bolloré, qui n'est pas uniquement présent en Afrique quand ça va, mais aussi quand ça ne va pas. J'espère que les Africains sauront le reconnaître. Il y a quelques inquiétudes concernant la concession autoroutière d'Eiffage à Dakar. C'est la première d'Afrique, il ne faudrait donc pas qu'elle soit remise en cause, car le modèle de la concession est celui qui accélère le plus l'investissement.

Je salue également les nouvelles entreprises, de taille plus modeste, qui arrivent. Je pense en particulier à l'entreprise Piriou, de Concarneau, qui va équiper en bateaux la marine sénégalaise, et je remercie le Gouvernement de ses efforts pour que ce marché puisse être conclu.

Nous souhaitons des contreparties en matière migratoire ; il ne faut pas hésiter à le dire très explicitement. Il n'est pas normal que le Mali, l'un des pays les plus aidés, un pays où nos soldats se font tuer, ne délivre que 10 % des laissez-passer consulaires que nous lui demandons pour expulser ses ressortissants en situation irrégulière de notre pays – cela alors que des progrès sont possibles, comme le Niger en fait la démonstration en délivrant 81 % de ces laissez-passer consulaires. Des coopérations réalistes sont possibles de façon à éviter les flux migratoires massifs, de façon à éviter de déstabiliser des régions entières – les migrations sont en effet très localisées en Afrique – , de façon enfin à éviter que l'Afrique ne se prive d'élites dont elle a bien besoin sur place. J'espère donc, monsieur le secrétaire d'État, que le projet de loi intégrera clairement ces éléments.

Je souhaite également que la question des outils employés soit posée. Nous avons la chance de disposer de l'AFD, une banque remarquable qui fait un travail remarquable, comme le constatent nos ambassadeurs sur le terrain. Il n'empêche que c'est une banque, à savoir un organisme destiné à consentir des prêts. Si nous donnons la priorité aux dons, l'AFD est-elle l'instrument le plus adapté ? En outre, les banques privilégient les gros projets.

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