En se fixant comme objectif ultime de porter l'APD à 0,7 % du revenu national brut – RNB – , avec un taux intermédiaire de 0,55 % en 2022, la France manque à ses devoirs et finalement à elle-même. La solidarité internationale, c'est notre devoir d'humanité vis-à-vis des centaines de millions d'hommes et de femmes parmi les plus démunis, avec lesquels nous entretenons des liens historiques, culturels et parfois même des liens par le sang versé au nom de notre liberté ; c'est une ardente obligation morale.
Fixons-nous l'objectif de porter l'APD française à 1 %. Nos amis britanniques ont déjà dépassé 1 %. Nous le pouvons ; nous le devons.
C'est pourquoi des outils financiers nouveaux et innovants doivent être mobilisés au plus vite. J'invite en particulier le Gouvernement à modifier et à élargir la taxe sur les transactions financières. Nous sommes de nombreux députés, issus de tous les groupes politiques, à vous le demander lors des débats budgétaires.
En ce qui concerne les orientations stratégiques, je suggère au Gouvernement d'introduire dans le futur projet de loi d'orientation et de programmation une politique de développement et de solidarité internationale spécifiquement destinée aux pays limitrophes des collectivités d'outre-mer, à l'image de la politique mise en oeuvre avec l'Union des Comores en 2019. Nous pourrions ainsi, d'une part, résoudre plus efficacement certaines difficultés que rencontrent les collectivités d'outre-mer et, d'autre part, favoriser l'intégration régionale des zones concernées, ainsi que leur développement harmonieux, global et durable.
Enfin, s'agissant des outils de mise en oeuvre de l'aide publique au développement, une réflexion paraît incontournable sur le format et la répartition des compétences du réseau de coopération, qui ne cesse de s'amenuiser, notamment au sein des services de coopération dans les ambassades. Depuis dix ans, la Cour des comptes, mais également divers rapports parlementaires se sont interrogés par ailleurs sur un éventuel détournement des objectifs de la politique d'aide publique au développement. Je ne peux donc qu'approuver le projet de création d'une commission indépendante d'évaluation placée auprès de la Cour des comptes.
Permettez-moi, pour finir, d'appeler l'attention des membres de la commission des affaires étrangères sur l'intérêt que pourrait avoir une mission d'information parlementaire sur la gestion des ressources humaines au sein du réseau de coopération du ministère des affaires étrangères. C'est en toute modestie que j'invite le Gouvernement à intégrer mes remarques et mes propositions dans le projet de loi d'orientation et de programmation.