Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mercredi 5 février 2020 à 15h00
Débat sur la réforme des retraites — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Lundi dernier, François s'est ouvert les veines sur son lieu de travail, à Vitry-sur-Seine. François, syndicaliste à la RATP, se bat depuis le 5 décembre pour l'intérêt général – non pas pour sa propre retraite, mais pour celle de vos enfants, des générations futures.

Pour avoir fait grève, François, comme trois autres grévistes, a été convoqué et menacé de licenciement. Cet homme engagé a été sali, harcelé ; il a reçu une fiche de paie de zéro euro pour le mois de janvier. François incarne la France que vous poussez à bout. Combien de tentatives de suicide et de dépressions faudra-t-il ? Combien de violences, d'yeux perdus, de mains arrachées, de souffrances, pour qu'enfin vous entendiez le peuple ? Jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour faire passer en force cette réforme BlackRock ?

Les violents, c'est vous, quand vous vous indignez que deux heures de coupure d'électricité affectent les grands patrons, mais ne dites rien des 572 000 coupures d'électricité pour non-paiement qui empêchent des familles de se chauffer et de cuisiner.

Les violents, c'est vous, quand le secrétaire d'État chargé de la réforme des retraites, alors membre de la direction des ressources humaines d'Auchan, fait envoyer en garde à vue une caissière et la menace de licenciement pour avoir offert un pain au chocolat brûlé.

Les violents, c'est vous, qui criminalisez tous les opposants à votre politique injuste, et violentez la démocratie.

À quoi ressemblez-vous ? À tout, sauf à la République. En vérité, vous ne tolérez les citoyens que silencieux et passifs ; vous n'aimez la démocratie que lorsqu'elle convient aux intérêts privés que vous servez.

Pourtant, la matraque, les menaces et le mépris ne parviendront jamais à faire taire le peuple soulevé et uni. La France rend partout son tablier. Les professeurs déposent leurs livres, les avocats leurs robes, les soignants leurs blouses, les égoutiers leurs outils. La mobilisation fait fleurir des élans de solidarité magnifiques, montre une société qui n'est pas centrée sur le travail, la productivité, et l'individualisme, mais sur le partage, le vivre-ensemble et l'émancipation – un monde solidaire auquel nous aspirons.

Madame la ministre, allez-vous retirer votre réforme haïe par les Français, ou bien continuerez-vous de mettre le pays à feu et à sang ?

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