Je vous remercie, madame Rubin, pour le ton de votre question et les propos que vous avez tenus au sujet de la Fondation Abbé-Pierre ; nous étions tous deux à la présentation de ce rapport vendredi dernier, tout comme Stéphane Peu et d'autres députés.
Vous évoquez notamment la question de l'hébergement d'urgence, en faisant référence aux propos du Président de la République et à la maraude à laquelle j'avais d'ailleurs participé avec lui. L'hébergement d'urgence, dont j'ai la responsabilité, pose un problème très compliqué – je le dis avec autant de détermination que d'humilité. À l'heure où nous parlons, environ 156 000 places sont financées par l'État et ouvertes en collaboration avec les collectivités locales et les associations. Cela représente l'équivalent de la ville de Brest, et ce chiffre ne tient même pas compte de l'autre dispositif, géré par le ministre de l'intérieur, relatif aux demandeurs d'asile, lequel comprend une centaine de milliers de places.
Ainsi, ce qui est très compliqué, c'est que nous n'avons jamais pérennisé autant de places. Depuis le 1er novembre, j'ai ouvert 13 000 places supplémentaires, dont à peu près la moitié sont destinées aux femmes et aux familles. Pourtant, des centaines de personnes demeurent à la rue, ce qui entraîne deux conséquences. Cela impose de poursuivre l'effort, avec humilité et détermination, en ouvrant de nouvelles places d'hébergement d'urgence ; cette mise à l'abri, à l'instant T, est essentielle. Et cela impose également de mener la politique que j'évoquais plus tôt, que la Fondation Abbé-Pierre a toujours soutenue, et qui est celle du logement d'abord.
Cette politique revient à se demander comment mettre fin à la spirale infernale que constitue l'alternance entre l'hébergement d'urgence et la rue et proposer un véritable logement. De nombreuses actions sont menées en ce sens : vingt-trois villes se trouvent actuellement au sein d'un territoire sélectionné pour l'application accélérée du programme pour le logement d'abord, lequel nous a permis de sortir 150 000 personnes de la précarité en deux ans. Il nous faut néanmoins poursuivre notre action avec beaucoup de force et de détermination, car la situation demeure compliquée.