Madame la députée, votre question, qui se situe dans la ligne de celles qu'ont posées plusieurs de vos collègues, est incroyablement difficile, car elle porte sur la distinction, que beaucoup ici connaissent bien, entre les droits formels qu'impose la loi et les droits réels. Quatorze types de publics sont prioritaires au titre du DALO, le droit au logement opposable : ils sont tellement nombreux qu'il est, au bout du compte, très difficile de leur octroyer des logements en priorité car, si j'ose dire – et je le dis avec beaucoup de gravité – , tout le monde devient prioritaire.
Nous ne devons jamais perdre de vue l'objectif d'arrêter d'ajouter de la précarité à la précarité. L'État – je le dis avec beaucoup d'humilité – est parfois schizophrénique dans les instructions qu'il donne aux préfets : alors même que je me bats tous les jours pour que l'on cesse d'aggraver la situation des territoires les plus en difficulté, c'est là qu'une majeure partie des personnes mises à l'abri – et qui doivent absolument l'être – sont précisément envoyées. Il n'est pourtant guère plus facile d'y ouvrir un gymnase que dans un territoire mieux doté ! Cela signifie que nous n'avons pas encore atteint l'objectif politique que je me suis fixé.
Nous faisons de véritables progrès, cependant. À cet égard, la loi ELAN – pour la discussion de laquelle vous vous êtes beaucoup investie – contient des améliorations, comme le contingent de personnes disposant d'un travail. Il faut continuer dans cette voie : les ministres, et moi-même en particulier, devons donner aux préfets des instructions très claires en la matière.