Cette commission élargie se réunit à un moment important pour nos armées. Nos militaires sont très largement sollicités depuis des années, bien plus que nous ne l'avions prévu. De cet engagement majeur est né l'impératif d'améliorer concrètement et immédiatement le quotidien des soldats et de leurs familles.
C'est pourquoi j'ai présenté mardi un plan « Famille » qui, je le crois, atteint cet objectif. Conçu avec et pour les militaires, il tient compte de tout ce que j'ai entendu lorsque je me suis rendue sur le terrain pour partager leur quotidien avec eux et leurs familles. Ce n'est pas qu'une annonce : je m'assurerai de sa mise en application effective et de son évolution pendant les cinq ans à venir. Ce plan est une avancée forte pour nos armées, pour nos soldats et pour leurs familles. Toute mon action est dirigée vers eux, tout comme l'est le budget que je vous présente.
Un budget de la défense n'est pas un tableau de lignes et de colonnes, aride et déshumanisé, c'est avant tout une réponse aux attentes des femmes et des hommes de la défense, aux menaces qui pèsent sur la France, aux défis qui nous attendent. Celui que je vous présente est un budget de remontée en puissance, que caractérise les trois chiffres-clés – 1,8 milliard d'euros, 30 milliards d'euros et 1,8 % – que j'ai déjà indiqués à votre commission de la défense.
Un milliard huit cents millions d'euros, c'est la hausse des crédits du budget des armées entre 2017 et 2018. Cet effort d'une ampleur exceptionnelle voulu par le Président de la République, qui porte les crédits de la mission « Défense » à 34,2 milliards, soit une augmentation de plus de 5 %.
La loi de programmation des finances publiques prévoit par ailleurs que le budget des armées augmentera de 1,7 milliard par an jusqu'en 2022. D'ici à 2022, ce seront donc 190 milliards qui seront investis en faveur des armées, contre 160 milliards au cours des deux précédents quinquennats. Sur cinq ans, la défense bénéficiera donc de 30 milliards de plus – c'est mon deuxième chiffre –, soit presque l'équivalent d'une annuité budgétaire.
Mon dernier chiffre, c'est 1,8 % – 1,82 % pour être précise, soit la part qu'occupe désormais notre défense dans le PIB de la France. Nous dépassons ainsi le seuil symbolique des 1,8 %. Surtout, nous allons résolument vers notre objectif de 2 % du PIB consacrés à la défense en 2025.
Le PLF 2018 répond aux besoins immédiats des armées et prépare aussi un avenir ambitieux.
Répondre aux besoins immédiats de nos armées, c'est d'abord répondre aux menaces qui pèsent sur la France. Elles ont été parfaitement décrites dans la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale que j'ai remise au Président de la République il y a trois semaines. Le terrorisme reste la première de ces menaces. La défaite prochaine de Daech ne signifie pas la fin du terrorisme – l'attentat de New-York, mardi dernier, nous le montre s'il en était besoin. Par ailleurs, la France reste extrêmement vigilante face aux stratégies de puissance de certains États comme la Russie, la Chine et, bien entendu, la Corée du Nord. Nous devons également nous mettre en ordre de bataille contre de nouveaux périls, telle la menace cyber, de plus en plus diffuse et dangereuse.
Pour faire face à ces menaces, le niveau d'engagement de nos armées est particulièrement élevé. Nous devons donc mener un effort immédiat pour la soutenabilité de nos opérations : celui que nous faisons en faveur de l'activité permettra de poursuivre le retour de la préparation opérationnelle vers les normes fixées par la loi de programmation militaire (LPM) actuellement en vigueur.
En 2018, l'effort d'entretien programmé du matériel représentera plus de 3,9 milliards de crédits de paiement (CP), soit 450 millions de plus qu'en 2017. Nous pourrons ainsi augmenter nos activités dans tous les domaines où nous sommes en dessous des normes.
Nos soldats, pour accomplir leurs missions, doivent être protégés. C'est le sens de l'enveloppe de 200 millions pour la protection des forces.
Ce projet de budget traduit également une ambition forte pour la condition du personnel. Je ne reviens pas sur les principales mesures du plan Famille. Plus largement, les crédits du titre II de la mission « Défense », qui correspond à la masse salariale du ministère, augmentent de 300 millions d'euros pour atteindre 11,7 milliards, tandis que 136,5 millions sont destinés au plan catégoriel.
Ce budget répond donc aux attentes et aux besoins immédiats de nos soldats. Il est aussi le premier jalon de cette remontée en puissance et l'occasion de préparer l'avenir de nos forces, de nos technologies et de notre innovation.
Préparer l'avenir de nos forces, c'est répondre aux besoins en matière d'équipement. Les équipements sont parfois fortement éprouvés et souvent vieillissants ; il est donc nécessaire de les renouveler pour assurer la sécurité de nos forces et l'efficacité de nos actions. Ce budget répond à cette nécessité en augmentant significativement les crédits d'équipements qui atteindront 18,5 milliards d'euros, en augmentation de 1,2 milliard.
Ce PLF permet un effort considérable en faveur des infrastructures, complément indispensable du renouvellement de nos matériels. Hors dissuasion et hors fonctionnement, 1,5 milliard d'euros y seront consacrés contre 1,2 milliard l'an dernier.
Préparer l'avenir, c'est aussi miser sur l'innovation. Garante de notre succès à l'export et de la supériorité de nos forces, elle est au coeur de mon action. Le budget R&D (recherche et développement) est ainsi porté à 4,7 milliards, dont 720 millions réservés aux études.
Enfin, nous devons embrasser pleinement la révolution numérique et apprendre à en dompter les risques. La cybersécurité et le renseignement sont donc au coeur de ce budget et voient leurs moyens consolidés.
Telles sont les grandes lignes de ce budget que je suis fière de présenter devant vous. Il prépare notre avenir tout en répondant aux préoccupations actuelles. Il traduit une inflexion historique pour nos armées et une réponse aux aspirations de nos forces. C'est enfin, je le redis, le budget d'une remontée en puissance qui devra se poursuivre et s'amplifier dans la loi de programmation militaire que je vous soumettrai au premier trimestre 2018.