Je ne reviens pas sur la prétendue hausse de ce budget, qu'a très bien analysée Alexis Corbière. Je veux souligner, en revanche, que l'usage des moyens est dicté par la stratégie. Or, la Revue stratégique a montré la faiblesse des ambitions pour notre pays et ce budget paraît à son image.
Rien n'est prévu pour répondre aux enjeux de notre temps, en particulier le déclin de l'hégémonie états-unienne, qui renforce les tensions mondiales et conduit les Américains à traiter la Russie et la Chine en adversaires.
Rien non plus sur le changement climatique, les déplacements de population et les conflits qu'il va multiplier, notamment pour l'accès aux ressources.
Rien pour garantir l'indépendance de la France, pourtant nécessaire : avec ce budget, nous restons pleinement rattachés à l'OTAN.
Rien pour rendre à l'ONU toute sa place et rien pour nous rapprocher des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Rien pour défendre notre espace maritime, nous y reviendrons avec nos amendements.
Les conditions budgétaires qui permettraient de remédier aux défaillances matérielles de nos armées ne sont aucunement remplies et rien ne garantit la solidarité interministérielle pour les surcoûts liés aux OPEX en 2017 et 2018.
La défense européenne reste une chimère tant qu'elle est soumise à l'OTAN et qu'il n'existe pas d'intérêts stratégiques européens.
Alors qu'un tournant indépendantiste français assumé aurait été nécessaire, ce budget n'est pas à la hauteur. Comment donc allez-vous répondre aux enjeux internationaux ?