Intervention de Arnaud Danjean

Réunion du mardi 17 octobre 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Arnaud Danjean, président du comité de rédaction de la revue stratégique de défense et de sécurité nationale :

En effet, et il suffit de songer à ce que font les Chinois, les Japonais, les Américains, et à ce que veulent faire les Russes.

J'ai entendu ce que vous disiez sur la formation et les centres d'excellence. Ce n'est sans doute pas ce qui est le plus complexe à mettre en place, mais ce n'est pas non plus ce qui changera le visage de la défense européenne.

Monsieur Pueyo, l'autonomie stratégique européenne est un concept nouveau pour le Conseil, mais il est utilisé dans les résolutions du Parlement depuis 2009. Sans naïveté aucune, nous considérons que des convergences stratégiques verront le jour. Les États membres ont de plus en plus conscience qu'ils ont des intérêts communs, et que la priorisation de leurs intérêts n'est pas totalement incompatible. Pour faire simple, certains pays voient la menace à l'Est alors que nous la voyons davantage au Sud. Je pense que ce n'est pas irréconciliable. Nous avons suffisamment de moyens lorsque nous travaillons ensemble pour pouvoir articuler une réponse qui permette de concilier ces deux approches. La France agit d'ailleurs dans cette optique : grâce à notre dispositif conjoint avec les Britanniques en Estonie, nos collègues baltes peuvent aujourd'hui considérer que leurs préoccupations sont prises en compte par des partenaires qui pourraient concentrer leur attention sur d'autres secteurs. Cela leur permet de s'intéresser à leur tour, à nos propres préoccupations : les Estoniens sont ainsi les premiers à avoir répondu présent quand nous avions du mal à trouver des alliés pour notre mission en Centrafrique. La France s'est toujours définie comme une puissance globale, mais c'est beaucoup moins le cas de nombre de nos partenaires européens, et il est significatif qu'un État de la taille de l'Estonie ait des points de convergence stratégiques avec la France. De plus, il n'est pas négligeable de compter une voix supplémentaire au Conseil européen favorable aux actions à mener pour la sécurité en Afrique – ce qui est d'autant plus appréciable qu'il s'agit de celle d'un pays dont les préoccupations sont essentiellement tournées vers l'Est.

Nous avons beaucoup de pédagogie à faire auprès de nos partenaires en matière de culture stratégique, tout en veillant à ne pas nous montrer arrogants. Les Français sont parfois perçus comme tels et adeptes de discours incantatoires, ce qui crée davantage de suspicion que d'adhésion. Il faut profiter du moment particulier que nous traversons pour inverser cette équation.

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