Je tiens à terminer la petite discussion engagée avec M. Mattei au sujet des ordonnances, qui me semble très importante : il ne faut pas mépriser ces instants de vie parlementaire. Le fait qu'un membre de la majorité ait confiance dans le Gouvernement n'a rien d'étonnant – c'est plutôt conforme à la règle – mais, si j'entends ce qu'il dit de la nécessité de négocier, je ne suis toujours pas d'accord sur le fond.
Une négociation entre deux parties donne lieu à l'établissement d'un contrat. Or, je considère que nous, les parlementaires, n'avons pas à être la caisse enregistreuse de ce contrat – je l'ai déjà dit au cours de législatures précédentes. Nous sommes la tierce partie, la société, et possédons en cette qualité la capacité de remettre en cause, si nous l'estimons nécessaire, ce qui a été négocié précédemment. C'est là une question de philosophie politique absolument centrale, et je me rappelle avoir eu sur ce point une vive dispute avec M. Hollande, qui prétendait que, dès lors qu'un contrat était conclu entre les syndicats représentatifs et le Gouvernement, il devait s'imposer au Gouvernement et à l'Assemblée : il avait même publié une tribune sur ce thème dans Le Monde, qui m'avait donné l'occasion de souligner que ce qu'il préconisait n'était pas conforme à la tradition républicaine.