Pendant vingt-huit ans, leurs droits ont été piétinés. Il y eut d'abord un combat pour obtenir justice, pour la reconnaissance des responsabilités, puis un combat pour que se tienne une commémoration. Non seulement une telle cérémonie n'a pas eu lieu mais, pire encore, en 2012, pour le vingtième anniversaire de cette tragédie, le match de la finale de la Coupe de France devait se dérouler le 5 mai ! Et en 2010, le titre de champion de France, acquis le 5 mai, avait un goût amer, comme l'a dit à l'époque Didier Deschamps, alors entraîneur de l'Olympique de Marseille. En relativisant à ce point cette catastrophe, en la minimisant de la sorte, on a fait preuve du mépris le plus absolu. La puissance de l'argent, ainsi que les responsables, ont été les plus forts. Il n'est pas ici question de compassion, mais de justice.
Si nous sommes réunis ici, c'est pour que la loi protège les plus faibles, pour qu'elle soit puissante face aux forces de l'argent, face aux responsables, pour qu'elle gomme ces vingt-huit ans de conflit, pour qu'elle comble le fossé qui s'est creusé. Nous devons faire oeuvre de justice, de reconnaissance de la souffrance et de réconciliation. Car si l'événement lui-même a été un drame, puisque des personnes sont mortes, des choses se sont aussi jouées ensuite au sein de la société corse. Je ne reviendrai pas sur ces autres drames liés au 5 mai, à la collusion qui a alors régné. Le rôle de la loi est de rendre possible le travail de deuil, mais nous devons aussi transmettre les valeurs d'éthique, de morale, de respect et l'idée que jamais, au grand jamais, les forces de l'argent ne doivent primer sur la vie. C'est pourquoi nous avons volontiers voté l'amendement relatif au sport amateur, avec l'accord du collectif de victimes, et c'est pourquoi nous vous invitons à voter unanimement cette proposition de loi.