Qui protégera les salariés contre la stagnation du point, voire contre sa baisse ?
Philippe Vigier a soumis à la commission spéciale un amendement visant à garantir l'absence de baisse des pensions à l'issue de la réforme. Vous l'avez refusé, et nous avons ainsi débusqué ce qui est au coeur de votre projet : la règle comptable, la calculette que vous essayez de dissimuler derrière des mots volés. Volé le mot de justice ! Volé le mot d'universalité ! Volées les références à ceux qui ont versé du sang et des larmes à la Libération !
Mais, les Français le savent, l'universalité et la justice dont vous vous réclamez sont celles du petit nombre.
Vous ne cessez de répéter votre mantra libéral : « Nous vivons plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps. »
Vous vous apprêtez à reculer sciemment l'âge de départ à la retraite en jouant sur les mots : âge d'équilibre, âge pivot ou âge de référence, vous avez décidé de l'allongement de la durée de travail pour l'ensemble des salariés. Pourquoi ce recul de l'âge de départ à la retraite, alors qu'aujourd'hui 1,7 actif occupé crée une fois et demie plus de richesse que quatre actifs occupés en 1960 ? Pourquoi cette volonté inédite de déconnecter l'âge de départ à la retraite de la durée de cotisation ? Votre mauvais projet de loi sera défavorable à tous ceux qui ont commencé à travailler plus tôt, à ceux qui ont eu une carrière longue et qui devront travailler plus de 43 ans pour espérer une retraite à taux plein. Et, plus grave encore, il sera désavantageux pour ceux qui n'ont pas la même espérance de vie en bonne santé.
Vous essayez de nous faire croire à l'universalité. Là encore, les éléments de langage ont été rodés et travaillés. Seulement, les Français ne sont pas dupes. À l'universalité, vous accolez désormais la brutalité. Parce que, oui, votre projet est brutal, il gomme les spécificités de chaque profession – conducteurs de train, avocats, métiers pénibles, infirmiers, égoutiers. Vous prétendez harmoniser les régimes alors que vous détruisez les compensations accordées à des secteurs entiers, parce que les métiers y sont pénibles ou les rémunérations plus faibles, ce qui explique que les conditions de départ à la retraite y soient plus favorables. Vous avez choisi la logique du nivellement par le bas, et votre universalité fait l'unanimité contre elle.
L'injustice sociale, l'universalité tronquée, le dogmatisme idéologique…