Bien sûr, les Français ont compris qu'ils auraient toujours le droit de partir à 62 ans, mais ils comprennent aussi qu'il vaudrait mieux ne pas le faire, compte tenu du recul, génération après génération, du fameux âge pivot ou âge d'équilibre qui, même provisoirement, n'a jamais disparu de votre texte de loi. Diminuer le niveau des pensions ou faire travailler les Français plus longtemps par l'âge d'équilibre, ce sont deux manières de dire exactement la même chose : les Français paieront dans leur chair votre projet.
Pour le justifier, vous avez surjoué l'alerte sur un déficit prévisionnel que vos propres politiques ont contribué à construire. Mais 8 à 17 milliards d'euros, ce n'est rien en comparaison, par exemple, des 42 milliards d'encours bancaires destinés aux retraites chapeau ou des 60 milliards de dividendes versés aux actionnaires du CAC40 l'an dernier ! C'est moins que rien si l'on considère les 300 milliards d'euros que pèsent les retraites et que vous voulez faire fuir, progressivement mais très méthodiquement, vers les systèmes par capitalisation !