Le nouveau système ne devait pas repousser l'âge de départ à la retraite : en instituant non seulement la carotte de la surcote, mais aussi le bâton de la décote, vous ne créez aucune réelle liberté de choix, ce qui aboutira à un départ à la retraite retardé, conformément à ce que vous souhaitez. Le nouveau système devait donner les mêmes droits à tous : en autorisant un cumul emploi-retraite dès 62 ans avec des cotisations sans droits avant l'âge pivot, vous créez des obligations qui ne donnent pas les mêmes droits à tous.
Mais derrière les mots, derrière les formules, il y a des vies. Il y a parfois des vies cassées, il y a toujours des aspirations à une fin de vie paisible et digne. Il y a des réalités : celles des 40 % de femmes qui partent à la retraite sans carrière complète, celles de paysans, de commerçants ou d'artisans qui n'atteignent pas le seuil de pauvreté, celles d'enseignants qui hésitent à jeter l'éponge, celles d'infirmières ou d'aides-soignantes qui interrompront leur carrière prématurément si vient à disparaître la catégorie « active » qui leur permet aujourd'hui de cesser un métier harassant à 57 ans. Je pourrais en citer beaucoup d'autres : on identifie bien les perdants, mais on peine à trouver les gagnants.