Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 31 octobre 2017 à 17h15
Commission élargie : finances - affaires économiques - développement durable - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Le projet de budget que vous nous proposez est limpide. Pour répondre à l'urgence écologique et climatique, nous aurions besoin d'une rupture nette avec les politiques menées durant ces dernières années. Au contraire, votre budget sera celui d'une politique s'inscrivant dans la continuité avec ce qui la précède, d'une politique de renoncement, d'une politique sans conscience.

Un budget qui s'inscrit dans la continuité, d'abord, malgré les nombreux effets d'annonce du Président de la République et du Gouvernement, car c'est bien un budget contraint qui nous est proposé. Un budget qui entérine la suppression de 1 324 équivalents temps plein (ETP), dans la droite ligne des révisions générales des politiques publiques et autres politiques d'austérité que nous connaissons depuis plus d'une décennie. Ce budget est aussi en continuité avec la politique laxiste de vos prédécesseurs puisque vos exigences en matière d'émissions de carbone avantagent les plus gros pollueurs. En effet, vous refusez toujours de mettre fin aux exonérations dont bénéficient les secteurs des transports routier et aérien. C'est pourtant là que se trouve non seulement une manne qui permettrait de financer la transition écologique – une paille de 7 milliards d'euros, rien que pour l'exonération bénéficiant aux transporteurs aériens ! – mais aussi un moyen de réorienter l'économie vers des activités moins polluantes comme le ferroviaire. Ce budget est également en continuité avec les précédents au sens où vous ne mettez pas fin aux grands projets absurdes qui s'enlisent jusqu'à devenir des fiascos écologiques et économiques. Je n'en citerai que deux : le réacteur pressurisé européen EPR de Flamanville, en retard de six ans et dont le coût a triplé pour dépasser 10 milliards d'euros – et l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dénué de tout bon sens écologique comme économique.

C'est aussi un budget de renoncement à une certaine excellence, mettant à mal plusieurs agences dont la compétence est unanimement reconnue. Je pense notamment à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), à Météo France et aux agences de l'eau – alors que 2,8 millions de Français boivent de l'eau polluée – ou encore au Centre d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA) qui perdra un million d'euros chaque année, et le quart de ses effectifs d'ici à 2022. Vous renoncez aussi à améliorer les conditions de vie concrètes des Français des classes moyennes et modestes en ne les aidant plus à rénover leur logement pour en accroître la performance énergétique. Vous renoncez ainsi à transformer le CITE en prime.

Enfin, c'est un budget sans conscience de l'urgence écologique et climatique qui saute pourtant aux yeux de tous. Vous divisez quasiment par deux le budget du programme « Paysages, eau et biodiversité ». Vous réduisez le soutien à la production d'énergies renouvelables. Combien d'ouragans Irma et de réfugiés climatiques faudra-t-il avant de prendre conscience du danger qui guette l'humanité ? L'urgence oblige à aller vite et à être audacieux, ce alors que vous nous envoyez – lentement mais sûrement – dans le mur.

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