La question de la géographie de l'éducation prioritaire, madame Osson, est une question extrêmement importante. Nous devons, oui, améliorer l'interministérialité sur le sujet et même, au-delà, nous doter d'une vision géographique renouvelée. Beaucoup de travaux et d'ouvrages sont parus ces dernières années sur l'évolution géographique de la France. L'expression de « France périphérique » est entrée dans le langage courant, renvoyant à des situations de marginalisation territoriale. Nous devons prendre cela en considération.
Les zones de politique de la ville ne peuvent correspondre exactement aux zones d'éducation prioritaire, mais il doit tout de même exister, sinon une coïncidence, du moins une cohérence. Nous allons réaliser une évaluation de la carte de l'éducation prioritaire, avec une concertation tout au long de l'année scolaire 2018-2019 et une actualisation de la carte pour la rentrée 2019. C'est un travail structurel qui s'engage, et qui doit correspondre aux critères que vous avez indiqués. Notre politique d'éducation prioritaire doit à cette occasion se moderniser pour éviter tout effet pervers et être réellement efficace au service des élèves. J'ai toujours considéré qu'à côté d'une éducation prioritaire territoriale il devait y avoir – c'est le cas en partie, mais pas assez – une éducation prioritaire individuelle sachant combattre la marginalisation et la fragilité sociale quel que soit le territoire.
La qualité des enseignants, madame Genevard, détermine en effet la qualité du système. La situation de la France à cet égard est bien meilleure que dans d'autres pays, mais il faut rester vigilants quant aux risques de dégradation qui peuvent exister. C'est le sujet des concours, que j'ai évoqué. De façon générale, il faut aller chercher cette qualité très en amont et c'est pourquoi j'insiste autant sur le pré-recrutement ainsi que sur la façon dont nous concevons nos concours.
L'enseignement agricole privé ne relève pas de mon périmètre mais, puisque vous me posez la question, je vous réponds volontiers. Je répète souvent mon admiration pour l'enseignement agricole en général, public ou privé. C'est un enseignement ami de l'éducation nationale et qui nous montre un chemin extrêmement intéressant, marqué par la réussite, et ce quel que soit le statut des établissements. C'est lié à une série de facteurs : une certaine autonomie, l'existence d'internats dans de très nombreux cas, une communauté éducative responsabilisée… Les liens avec l'éducation nationale doivent être plus étroits, et comporter des passerelles, que d'ailleurs nous favorisons.
Madame Bannier, je suis très sensible à l'avenir des lycées, et donc aux conditions de travail des professeurs. Nous devons adopter une approche systémique : un Martien qui assisterait à nos débats s'étonnerait sans doute que, dans un pays qui dépense bien plus que d'autres pour ses lycées, beaucoup de classes dépassent trente-cinq élèves – je précise toutefois que la moyenne est de vingt-neuf.
Il existe un malaise, alors que le lycée est au sommet de nos efforts financiers et de nos attentions. Nous devons mieux nous organiser. Les réformes du baccalauréat et de l'accès à l'enseignement supérieur seront l'occasion de réfléchir à ces questions. En particulier, le renforcement des liens entre le lycée et l'enseignement supérieur ira dans le sens d'un meilleur bien-être des professeurs. Ainsi, certains agrégés vont aujourd'hui vers le supérieur ; on peut imaginer que davantage d'entre eux soient à l'avenir à cheval sur le lycée et l'enseignement supérieur, ce qui serait bon pour eux comme pour les élèves, et plus logique que de les voir, comme c'est parfois le cas aujourd'hui, affectés en collège.
Voilà un exemple de possible renouvellement. Il faut en tout cas réfléchir à une meilleure utilisation des moyens importants qui sont alloués au lycée.
Madame Biémouret, j'ai abordé tout à l'heure le sujet de la médecine scolaire. Nous avons, je vous l'accorde volontiers, d'énormes progrès à faire, qu'il faut replacer dans le contexte plus général des difficultés d'accès à la médecine sur notre territoire. Il faut donc là aussi adopter une vision systémique, en lien avec l'administration de la santé, et surtout de façon cohérente avec la stratégie nationale de santé qui sera définie par Mme Agnès Buzyn.
S'agissant du renforcement des liens entre médecins scolaires et infirmiers scolaires, nous devons y travailler. Je serai attentif au rapport des inspections générales – qui devrait être publié.
La grande pauvreté est un sujet essentiel, évidemment inscrit au coeur de mes priorités, mais de nature très interministérielle lui aussi. Un haut-commissaire auprès de Mme la ministre de la santé devrait être nommé ; il travaillera en lien très étroit avec moi. La lutte contre la grande pauvreté doit être très efficace à l'intérieur de l'institution scolaire.
Monsieur Serville, les questions que vous soulevez sont elles aussi systémiques : les problèmes de délinquance en Guyane dépassent largement l'institution scolaire. Nous devons néanmoins améliorer la coordination avec les forces de police et de gendarmerie afin de mieux assurer la sécurité de nos établissements.
En ce qui concerne les éducateurs spécialisés et les moyens de surveillance, je ne peux pas m'engager aujourd'hui. Je suis évidemment sensible à la question, et très ouvert à un travail qui nous permettrait d'être plus efficaces.