Le 3 octobre 2019, le Président de la République – votre président – a prononcé la phrase suivante : « Moi j'adore pas le mot de pénibilité parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible. » Comme s'il n'y avait pas de métiers pénibles dans notre pays ! Comme vient de le rappeler Elsa Faucillon, une étude du ministère du travail indique que 70 % des ouvriers sont quotidiennement exposés à au moins un facteur de pénibilité physique. Pire encore, 26 % des ouvriers cumulent au moins trois facteurs de pénibilité. L'écart moyen d'espérance de vie à 35 ans entre un ouvrier et un cadre est encore aujourd'hui de 6,4 ans.
Hier, nous avons beaucoup parlé des cadres qui bénéficieront, avec votre réforme, d'un régime spécial. Aujourd'hui, ce serait bien que nous parlions un peu plus des ouvriers, qui subissent une pénibilité excessive. Je me souviens de ce soudeur rencontré récemment à Outinord, qui passe sept heures par jour, cinq jours par semaine, courbé sur les rails qu'il soude, tout en respirant des produits chimiques et en supportant un équipement pesant plusieurs kilogrammes. Il a 23 ans et son salaire est de 1 500 euros nets. Et il serait appelé à faire ça pendant plus de 43 ans ? Vous allez proposer quoi, une charte ? Allez-vous renvoyer ce jeune homme à des discussions de branche ? Lui demander de faire du tutorat d'ici à une quinzaine d'années ?