Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 15h00
Questions au gouvernement — Protection de la liberté d'expression

Edouard Philippe, Premier ministre :

Il arrive que nous les trouvions plus drôles quand elles concernent les autres ; il arrive que nous ne les trouvions pas drôles ; il arrive même que nous puissions les trouver choquantes, car c'est l'objet de la caricature que de choquer. Qui peut affirmer ici que toutes les caricatures publiées par des journaux satiriques l'ont convaincu ? Probablement peu de gens. Et pourtant, chacun sait ici que cette liberté de caricaturer est essentielle et que nous devons la préserver, comme nous devons protéger tous ceux qui, au nom de cette liberté de caricaturer, seraient menacés.

Je veux vous dire, monsieur le président, que des dispositions extrêmement précises ont été prises, sous l'autorité du ministre d'État, ministre de l'intérieur, pour protéger les lieux et, bien entendu, les personnes qui concourent au journal que vous avez évoqué. Vous comprendrez aisément que je n'en dise pas plus, mais sachez que ces mesures sont prises. Elles le sont d'ailleurs depuis longtemps et elles ne cesseront pas tant que le niveau de menace sera aussi élevé.

Un mot, enfin, mesdames, messieurs les députés, pour dire que les menaces sont parfois formulées d'homme à homme – ou de femme à femme, je ne fais pas de distinguo en la matière – mais qu'elles le sont aussi, parfois, par l'intermédiaire de réseaux sociaux. Ceux-ci permettent l'anonymat derrière lequel, courageusement, un certain nombre de nos concitoyens – malheureusement, l'histoire est ancienne – osent proférer des menaces. Twitter n'est pas en dehors de la République, monsieur le président, et cet anonymat, souvent dérisoire, et souvent abject, derrière lequel se cachent certains individus pour proférer des menaces, ne saurait être un obstacle. Je souhaite, monsieur le président, que dès lors qu'une menace de cette gravité est proférée, quel que soit le média sur lequel elle l'a été, des poursuites soient diligentées afin que des sanctions puissent être prononcées.

On ne peut pas, dans notre pays, mettre impunément en cause la liberté de penser, de s'exprimer et même de caricaturer.

1 commentaire :

Le 08/11/2017 à 12:05, Laïc1 a dit :

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"il arrive que nous ne les trouvions pas drôles ; il arrive même que nous puissions les trouver choquantes, car c'est l'objet de la caricature que de choquer."

Pour oser faire de la politique au 21ème siècle, avec la surexposition médiatique que cela entraîne, il faut déjà avoir un certain goût de l'exhibition publique, et une certaine carapace personnelle pour supporter la divulgation de son image à grande échelle.

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