Chez nous, en France, malgré la capacité à enjoliver ce que les chiffres révèlent, le taux de précarité a doublé en trente-cinq ans. Les précaires, aussi bien dans le privé que dans le public, sont, malheureusement, trop souvent devenus la variable d'ajustement des politiques de l'emploi. Quatre-vingt-cinq pour cent des embauches réalisées en 2017 se sont faites en CDD. Un jeune sur deux intègre le marché du travail en emploi précaire. Si j'évoque ce sujet c'est parce que nous avons le sentiment que la manière avec laquelle votre mauvaise réforme des retraites appréhende cette réalité sociale renforcera encore la précarité.
J'ai en tête l'exemple des AESH – accompagnants des élèves en situation de handicap – , sur lesquels j'ai commis un rapport : 90 % d'entre eux ont eu des propositions de contrat de travail de moins d'un an, et ce à horaires modulables et à temps partiel. Nombreux sont les AESH à avoir eu un contrat dont la durée hebdomadaire de travail était inférieure à treize heures. Comment envisagez-vous de proposer une retraite digne à ces salariés précaires ? Comment envisagez-vous d'éviter que les salariés précaires n'aient pour perspective de vie qu'une retraite de misère ?
Pour ces salariés précaires, la seule solution que vous envisagez semble être de cumuler une petite retraite de misère, après l'âge d'équilibre, avec un petit boulot de misère. C'est ce que j'ai compris du débat relatif aux retraites progressives et c'est ce que François Morel décrit comme l'objectif de « tâcher de mourir tôt ».