Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Action extérieure de l'État

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, madame et monsieur les rapporteurs spéciaux, madame et messieurs les rapporteurs pour avis, mesdames et messieurs les députés, je vous présente, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2018, les crédits inscrits au titre de la mission « Action extérieure de l'État. »

Cette mission constitue le socle de notre politique étrangère. Elle nous permet, dans un monde en proie à de graves bouleversements, de faire entendre la voix de la France. Vous le savez, notre instrument diplomatique doit aujourd'hui s'adapter à un monde où le niveau de tensions et d'incertitudes, à la fois politiques et économiques, est, depuis la fin de la Guerre froide, à son paroxysme.

Les organes multilatéraux de régulation de l'ordre international se trouvant affaiblis et les règles du jeu multilatéral remises en cause de façon croissante, les tentations du repli, comme du cavalier seul, vont grandissantes. La France doit donc être à l'initiative pour la promotion des normes internationales. Jamais, en effet, notre monde n'a été aussi interdépendant, et jamais non plus des normes n'ont été aussi nécessaires pour relever les défis globaux de notre siècle, qu'il s'agisse de notre sécurité, du climat, des échanges, de la santé ou de l'éducation. Les incertitudes comme les ruptures d'aujourd'hui rendent cette exigence sans doute plus difficile à satisfaire que par le passé : nous sommes, contre toutes les tentations de repli, des acteurs du multilatéralisme.

C'est dans ce contexte que doit s'inscrire la performance de notre outil diplomatique, celui-ci réclamant des moyens adaptés. Or, vous le savez, ce ministère a, depuis de nombreuses années, subi une baisse continue et significative de ses moyens, alors même que le périmètre de son action ne cessait de s'étendre.

Il fallait, par conséquent, tout en poursuivant un effort de rationalisation et d'efficience de notre action, inverser cette tendance. De fait, en 2018, pour la première fois depuis des années, le budget de mon ministère est en hausse. Certes modeste, cette hausse de 95 millions d'euros permettra d'atteindre, après transferts, 4,7 milliards d'euros en crédits de paiement. Dans ce cadre, la mission « Action extérieure de l'État », dont nous examinons aujourd'hui les crédits, sera dotée de 3 milliards d'euros, dont 923 millions d'euros de dépenses de personnel.

Cette mission nous permet de mettre en oeuvre trois des priorités de notre diplomatie ; je les ai déjà exposées en commission élargie.

La première, c'est la sécurité et la protection des Français à travers le monde. J'insiste tout particulièrement sur la protection de nos emprises à l'étranger, en particulier celles de notre réseau diplomatique et de nos établissements d'enseignement. Nous renforçons aussi dans ce cadre les aides aux pays en crise, notamment aux pays qui doivent se stabiliser et se reconstruire, comme l'Irak ou la Syrie. Nous augmentons de manière significative les crédits des outils de gestion et de sortie de crise, qui atteindront 86 millions d'euros en 2018. Nous développons, enfin, les outils de prévention, en vue d'intensifier la lutte contre le terrorisme et d'assurer la sécurité aéroportuaire et maritime.

Notre deuxième priorité, c'est la refondation de l'Europe. J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer longuement sur le sujet. Cela permet notamment de financer notre participation au budget du Conseil de l'Europe.

Notre troisième priorité, c'est d'oeuvrer au renforcement de l'attractivité de notre pays, notamment dans le cadre d'une diplomatie économique offensive que le Gouvernement entend promouvoir, qu'il s'agisse du soutien aux entreprises exportatrices ou du développement de l'investissement sur notre territoire. Cela passe aussi par le développement du tourisme : en 2018, 32,6 millions d'euros seront versés à Atout France dans ce but. Au total, ce seront 644 millions d'euros qui seront consacrés au financement de notre diplomatie culturelle et d'influence.

Voilà les caractéristiques majeures du projet de crédits pour 2018 de la mission « Action extérieure de l'État ». Il suffit de passer un peu de temps à l'extérieur de notre territoire pour le constater : toutes les puissances renforcent aujourd'hui les moyens de leur politique étrangère. Si nous voulons rester maîtres de notre destin et assurer notre souveraineté, il faut que nous disposions d'un instrument diplomatique efficace, agile et capable de défendre nos intérêts. Garantir l'exercice de notre souveraineté partout où nos intérêts, notre sécurité sont en jeu, maintenir la volonté de la France d'être une puissance d'équilibre et de paix, tels sont les objectifs du budget que j'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui.

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