Il vise à préciser que votre réforme est dangereuse.
J'ai évoqué hier le fait qu'un Français parmi les plus pauvres sur quatre et qu'un salarié qui touche le SMIC sur cinq ne perçoivent pas un centime de leur pension parce qu'ils meurent avant d'arriver à l'âge de la retraite. Or votre réforme aggravera encore la situation : dans certaines professions, les salariés mourront, ou plutôt, crèveront au travail : je pense notamment aux égoutiers, qui partent aujourd'hui à 52 ans et qui partiront à 62 ans, à savoir à l'âge de leur espérance de vie. Nous pourrions également évoquer les bûcherons.
L'article 1er porte sur les principes ; or nos deux visions s'opposent. Demain, si votre texte est adopté, ce ne seront plus un pauvre sur quatre, mais peut-être deux ou trois sur quatre qui ne verront pas un centime de leur pension : seuls les plus riches pourront bénéficier de leur retraite.
André Gorz, un grand penseur écologique, écrivait : « Une perspective nouvelle s'ouvre ainsi à nous : la construction d'une civilisation du temps libéré. Mais, au lieu d'y voir une tâche exaltante, nos sociétés tournent le dos à cette perspective et présentent la libération du temps comme une calamité. Au lieu de se demander comment faire pour qu'à l'avenir tout le monde puisse travailler beaucoup moins, beaucoup mieux, tout en recevant sa part des richesses socialement produites, les dirigeants, dans leur immense majorité, se demandent comment faire pour que le système consomme davantage de travail – comment faire pour que les immenses quantités de travail économisées dans la production puissent être gaspillées dans des petits boulots dont la principale fonction est d'occuper les gens. »
Voilà exactement l'objet de notre combat aujourd'hui : nous sommes pour une libération et une réduction du temps de travail, parce que c'est la seule politique efficace pour faire baisser le chômage et la pauvreté, pour donner du sens au travail et pour ne pas faire crever les gens au boulot.