Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, chers collègues, mon groupe s'associe assez largement aux propositions faites par les deux rapporteurs pour avis de la commission des affaires étrangères. Je tiens d'ailleurs à souligner la qualité et la pertinence de leur travail.
Mes premiers mots seront pour saluer les agents qui représentent la France dans le monde entier, avec l'efficacité et le dévouement que chacun de nous, passant dans ces pays, a pu constater – non seulement le personnel des ambassades et les ambassadeurs, mais aussi tous ceux qui travaillent dans les instituts français, les alliances françaises et toutes les autres manifestations de l'existence de la France dans le monde.
Moins que les sommes, c'est leur destination que j'ai l'intention de critiquer, car c'est bien cela qui compte.
Pour moi, il y a quatre priorités dans l'action extérieure de l'État. La première, c'est l'Organisation des Nations unies, l'ONU, seule instance régulière, qui représente l'ensemble des nations et des peuples du monde. La deuxième, c'est l'insertion dans les organismes régionaux, qui permet à la France de manifester et de concrétiser sa vocation et son identité universaliste. La troisième priorité, c'est la francophonie, qui représentera, dès 2050 ou 2060, le troisième groupe de locuteurs au monde, animé par l'Afrique toute entière, qui parlera plus que jamais la langue française, et opérera un nouveau brassage du français. La dernière priorité est la Méditerranée. Si l'Union pour la Méditerranée était une heureuse inspiration du Président Sarkozy, elle a dû subir l'initiative du gouvernement allemand visant à y englober toute la Méditerranée, avec les problématiques inextricables qui s'y trouvent, plutôt que d'en rester au petit bassin méditerranéen où peut entièrement se manifester la vocation de la France à l'égard de ses voisins et d'une partie de sa population. Tels sont les quatre domaines par lesquels passe l'indépendantisme français dont je me réclame.
Je regrette donc que, face à l'ONU, on continue à valoriser des cadres comme le G7 ou le G20, qui n'ont aucune légitimité et une représentativité plus que discutable. Lorsque le Président Valéry Giscard d'Estaing a pris l'initiative du G7, il n'était pas question que cette instance nous coûte 36,4 millions d'euros, comme c'est le cas cette année. Le G7 et le G20 n'ont aucune légitimité. La France gagnerait à le faire savoir et, peut-être, à se consacrer davantage à l'ONU qu'à eux.
S'agissant de l'insertion dans les organismes régionaux de coopération, mon propos pourra paraître contradictoire avec les précédents, mais j'estime que le Service européen pour l'action extérieure, le premier de ces organismes, ne sert strictement à rien. Ce service est inefficace ; il coûte beaucoup d'argent pour rien. Les Français, qui y contribuent beaucoup, sont obligés de voir, à côté de ces pseudo-ambassades européennes, leurs propres services dépérir : 1 050 ambassadeurs français travaillent pour ce service, qui représente 660 millions d'euros à la charge de l'Union européenne.
La Cour des comptes a, de plus, souligné l'inefficacité et la gabegie de cet organisme dont la baronne Ashton avait dit – propos curieux pour une libérale – que l'organe finirait par créer la fonction.
Enfin, pour ce qui concerne la francophonie, j'appelle le ministre et le Gouvernement à faire respecter les droits de la France. La langue française est langue de travail à l'ONU comme à l'Union européenne. J'ai été député européen, et je suis sûr, monsieur le ministre, que vous m'entendrez : il est insupportable de devoir réclamer la traduction d'un texte en français et de subir les textes en anglais.