Nos camarades socialistes ont raison d'insister sur le fait que cette réforme enfonce un coin dans la solidarité entre les générations, dans la solidarité entre les professions et, au bout du compte, dans la solidarité au sein de la nation tout entière.
Entre les générations, tout d'abord, parce qu'il y aura rupture d'égalité, au sein d'un même couple, si l'un est né avant 1975 et l'autre après.
Au sein d'une même entreprise, ensuite, compte tenu de votre volonté idéologique de détruire les régimes spéciaux. Compte tenu des concessions que vous avez été contraints d'accepter, les salariés d'une même entreprise – la SNCF, la RATP et bien d'autres entreprises encore – , bien qu'exerçant les mêmes missions, contribueront au système de retraite de manière différenciée, ce qui est évidemment profondément injuste.
Enfin, la réforme enfonce un coin dans la solidarité au sein des professions puisque vous renvoyez les questions de pénibilité aux accords de branche. J'ai d'ailleurs découvert l'autre jour à la radio, en écoutant attentivement, comme toujours, le secrétaire d'État chargé des retraites, qu'un fonds d'amorçage était envisagé pour travailler sur les questions de pénibilité.
Prenons un exemple : une infirmière qui travaille dans un service de protection maternelle et infantile – et donc employée par le département – sera dans une situation différente de celle qui exerce dans un centre hospitalier ou d'une infirmière libérale. Du fait des accords de branche, elles seront chacune traitées de manière différenciée.
De même, un éboueur agent de la fonction publique territoriale ne connaîtra pas le même sort qu'un éboueur de chez Vinci. Ici aussi la solidarité est mise à mal.