Il a donc fallu, décennie après décennie, que le quai d'Orsay soit doté de moyens nouveaux pour essayer de s'adapter à un système qui, fondamentalement, ne lui convient pas. De ce point de vue, la diplomatie de la France est probablement, avec celle de l'Angleterre, la plus en retard. Mais elle se fait – grâce à vous, monsieur le ministre. Voilà pourquoi, avec mes amis du groupe Les Républicains, je ne serai pas trop dur dans l'analyse que je ferai de votre budget.
On peut constater avec satisfaction que les crédits du ministère sont stables. Mais ne vous inquiétez pas : vous allez intéresser bien d'autres contrôles publics au cours des années à venir, d'après ce que je crois entendre du côté de Bercy. Pour l'instant, toutefois, ces crédits ne sont en baisse que de 0,7 %, soit 2 millions d'euros. Il convient toutefois de nuancer la remarque en notant que le ministère a été mis à très forte contribution au cours des dernières années et qu'il a été particulièrement touché par les annulations de crédits, déjà soulignées, annoncées par le Gouvernement en juillet, pour 280 millions d'euros, dont plus de la moitié intéressait directement le ministère, le reste concernant l'aide publique au développement.
Regardons d'un peu plus près le détail des programmes. Je rappelle tout l'intérêt que notre ami Jean-Luc Mélenchon a accordé au G7. De fait, la somme la plus importante dont on ait doté le ministère correspond au nouveau programme, de plus de 14 millions d'euros, concernant la présidence du G7 que la France exercera en 2019. Je contribue ainsi au débat, mon cher collègue Mélenchon.
Les différents rapporteurs l'ont souligné : le ministère des affaires étrangères a largement contribué aux efforts de redressement des finances publiques durant les dernières décennies ; ses effectifs ont diminué de moitié en trente ans. Son budget est un petit budget. Mais je dois dire qu'il n'y a rien d'anormal à ce que des moyens nouveaux se superposent à des moyens anciens. Le mécanisme du quai d'Orsay est au fond le suivant : ces moyens anciens doivent-ils continuer à dominer, ou faut-il qu'ils laissent la place aux moyens nouveaux ? C'est à mon sens l'un des problèmes majeurs que pose l'évolution du ministère, et nous n'en avons pas terminé avec lui.
De votre côté, monsieur le ministre – je sais ce que vous faites – , vous menez une évolution un peu plus adaptée à la mondialisation actuelle : c'est avec des ministres comme vous que le quai d'Orsay aura une chance d'adopter une attitude moins monarchique, plus appropriée à la situation présente.
Cela a été dit, nous sommes à l'extrême limite de l'équilibre. La baisse que nous constatons concerne les crédits de personnel et de fonctionnement, et non les crédits d'intervention : c'est ce qui est souhaitable, et c'est une très bonne chose à l'heure où la mise en oeuvre du plan d'action gouvernemental contre la radicalisation et le terrorisme apparaît incontestablement comme un point positif. On reconnaît bien là votre patte de ministre de la défense ! Le groupe LR tient à réaffirmer l'importance qu'il accorde aux crédits de coopération et de sécurité, d'autant que ceux-ci couvrent, entre autres, la formation des élites, des cadres militaires, des spécialistes de la sécurité.