Monsieur le président, messieurs les ministres, mesdames et messieurs les rapporteurs, chers collègues, le montant global du budget du ministère de l'Europe et des affaires étrangères est de 4,7 milliards d'euros, en hausse affichée d'un peu plus de 2 %, dont 3 milliards pour l'action extérieure. C'est donc, dans le projet de loi de finances pour 2018, un budget stabilisé, que le groupe MODEM soutient et votera.
Permettez-moi toutefois de m'interroger devant vous sur l'avenir proche. Le projet de loi de programmation des finances publiques prévoit une baisse des crédits alloués à la mission « Action extérieure de l'État » pour 2019 et 2020, parallèlement à la montée en charge de l'aide publique au développement, destinée à respecter la trajectoire permettant de porter celle-ci à 0,55 % du revenu national brut, conformément à l'engagement du Président de la République.
Si l'on ne peut que se réjouir de l'augmentation prévue de l'aide publique au développement, il n'en est pas de même pour les crédits dévolus à l'action extérieure de l'État. Et c'est pour moi une source d'inquiétude, car je crois qu'en matière d'efforts budgétaires – je reprends à dessein votre expression, monsieur le ministre – , on est « à l'extrême limite de l'équilibre ».
La vocation du ministère de l'Europe et des affaires étrangères est de porter l'ambition internationale de la France, et ce à un moment où les crises, les défis et les périls n'ont jamais été aussi présents. La situation en Syrie et en Irak, la question du terrorisme islamiste, dont nous savons bien qu'il ne cessera pas avec la défaite de Daech sur le terrain, l'avenir du Sahel, si proche de nous, le chaos libyen, le défi migratoire, qui exige de nous et de l'Europe une véritable stratégie, les nouvelles peu rassurantes provenant de Corée du Nord, le poids nouveau de la Chine en matière internationale, l'expansionnisme russe, les fluctuations de la politique extérieure américaine : tout cela nous interdit plus que jamais de baisser la garde. Tout cela exige que nous conservions des moyens d'influence, de présence et d'action efficaces et pertinents – donc un budget conséquent et stabilisé pour la durée du quinquennat.
Bien sûr, comme Anne Genetet et Frédéric Petit le disent très justement dans leurs rapports, il y aura des réformes à conduire, des changements à initier, des améliorations à concevoir, des innovations à mettre en oeuvre. Mais je crois nécessaire que ce soit le ministère de l'Europe et des affaires étrangères qui soit acteur et décideur de ses propres réformes. Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, il faut faire confiance au terrain, c'est-à-dire aux personnels du ministère et des missions diplomatiques, pour qu'ils proposent et défendent, avec vous, monsieur le ministre, les changements qui permettront de préserver l'universalité de notre diplomatie et les moyens de son influence.
Une influence qui doit se gagner chaque jour sur le terrain, parce qu'elle est en concurrence avec d'autres. Comme vous, monsieur le ministre, je crois en effet qu'il existe une bataille mondiale pour l'influence, …