Il vise à substituer, dans l'alinéa 5, au mot « équité » – porteur de tous les renoncements et peu républicain – les mots « égalité et fraternité ».
Une politique des retraites devrait permettre l'égalité entre les hommes et les femmes. Or celle-ci n'est pas du tout acquise dans votre réforme. La discussion l'a montré : la suppression des huit trimestres par enfant est oubliée dans vos comparaisons. L'étude d'impact ne comporte d'ailleurs pas de simulation de cas de femmes ayant eu des enfants, sans quoi vous vous seriez aperçus que le changement était mathématiquement défavorable.
Je veux aussi insister sur l'importance de la fraternité pour la Nation. J'ai évoqué à plusieurs reprises la lourde étude d'impact, sans citer la référence exacte, que j'avais oubliée. Il s'agit des pages 174 et 175 : elles sont très intéressantes – je vous invite à les lire ce week-end à tête reposée – car elles rendent clairement perceptible l'inspiration de la réforme. On part du constat que le système des retraites pèse trop lourd en France : 14,4 % du PIB, contre 12,6 % dans l'Union européenne, puis on explique qu'il faut l'alléger. Je lis cependant que l'Autriche y consacre 14,3 % – elle ne me paraît pas être un pays mal géré, elle a plutôt décidé de consentir un effort en faveur de ses anciens.
Je propose donc d'inscrire la fraternité, parce que nous la devons à nos anciens, comme aux jeunes qui travaillent dur aujourd'hui et seront les anciens de demain. Nous leur devons un niveau de retraite satisfaisant, et seul un objectif de dépense publique clairement défini permettrait par la suite de déterminer la répartition des moyens. Mais, comme l'étude de financement est renvoyée à la conférence de financement, nous débattons dans le vide – et dans le brouillard.