Sauf que les seniors sont les premiers à être poussés vers la sortie par les entreprises, et les derniers à être embauchés ! Vous devriez le savoir et avouer que vous estimez que c'est fondé, puisque vous avez vous-mêmes accentué ce phénomène par l'adoption de la loi travail. Elle tendait à ouvrir les vannes des départs volontaires. Le secrétaire d'État, qui en fut le rapporteur en 2017, connaît le processus par coeur : en instaurant la rupture conventionnelle collective – RCC – , érigée en symbole de flexisécurité à la française, vous avez autorisé les entreprises à organiser des départs volontaires sans passer par un plan de sauvegarde de l'emploi et sans avoir à justifier de difficultés économiques. La RCC constitue un vrai danger pour les seniors ; il est désormais certain que les cheveux gris partent en nombre : 25 % des ruptures conventionnelles collectives comportent des dispositifs de fin de carrière.
J'évoque ce sujet parce que la flexibilisation du droit du travail, dont l'objectif était que les entreprises licencient à moindre coût les salariés les plus anciens et les plus qualifiés, contredit votre intention de faire travailler les vieux plus longtemps, comme elle contredit le but invoqué d'instaurer des retraites progressives, c'est-à-dire des retraites de misère pour des boulots de misère.
Avec beaucoup de respect, monsieur le secrétaire d'État, je voulais vous mettre le nez sur cette contradiction majeure ; dans le même temps, les pressions à la démission se sont renforcées, favorisées par les ordonnances Macron ; les quinquas avec peu d'ancienneté dans une entreprise se retrouvent souvent dans le collimateur des plans sociaux. Toutes les statistiques montrent que l'employabilité des seniors n'est pas cohérente avec votre projet, mais également que leur licenciement constitue la variable d'ajustement des libéraux que vous êtes.