Prenons mon cas. Élu depuis seulement deux ans, je dépendais auparavant d'un système qui concerne 65 % des Français : le régime de base plus le régime complémentaire AGIRC-ARRCO – Association générale des institutions de retraite des cadres-Association des régimes de retraite complémentaire. J'aurai droit à une retraite à taux plein à 66 ans et demi. En effet, j'ai commencé à travailler en CDI à 42 ans – mes emplois précédents n'étant pas comptabilisés car, comme il s'agit de petits contrats, ils ne me permettent pas de valider de mois ou de trimestre – ce qui devrait me donner droit à une retraite à taux plein à 65 ans. Sauf que j'ai une carrière hachée, ponctuée de trois périodes de chômage, ce qui repousse encore l'âge du taux plein. L'AGIRC-ARRCO a décidé – sans d'ailleurs en avoir informé qui que ce soit – que ceux qui partaient à taux plein dès la première année verraient automatiquement leur pension minorée de 10 % pendant trois ans. Pour échapper à cette minoration, il me faudrait travailler un an de plus, ce qui porte la durée totale non pas à quarante-trois ans mais à quarante-quatre. Voilà comment j'en arrive à cet âge de 66 ans et demi.
Si j'avais dépendu du nouveau système – ce qui ne sera pas le cas puisque je suis né en 1972 – , qui prévoit une annulation de la décote à 64 ans et non plus à 67, j'aurais pu partir à taux plein à 64 ou à 65 ans. J'aurais donc gagné un peu plus de deux ans de retraite.