La France est le premier pays au monde à réformer un système de retraite en baissant l'âge de départ à la retraite. Vous avez dit, monsieur Loiseau, que la réforme vous permettrait de prendre votre retraite plus tôt, à 64 ans au lieu de 67. C'est parfait, sauf que vous ne prévoyez aucun financement ! En revanche, vous n'avez pas dit que certaines personnes qui peuvent actuellement partir à 62 ans avec une carrière complète ne pourront désormais partir à cet âge qu'avec une pension nettement plus faible. Pour ces personnes, la réforme n'a pas exactement le même effet.
Quant au taux de pauvreté, il est très lié au taux d'activité – pas totalement, évidemment, mais quand même en grande partie. Je note qu'avec le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, le taux d'activité des Français âgés de 55 à 64 ans, en fin de parcours professionnel, est remonté, même s'il reste bien plus faible que dans tous les autres pays. C'est une bonne chose : nous devons continuer à augmenter le taux d'activité des seniors.
L'INSEE a remarqué il y a peu que le taux d'activité commençait à remonter d'une façon assez générale, et nous devons nous en féliciter. L'âge de la retraite joue beaucoup dans ce domaine. Confondant cette question avec celle du chômage, certains ont dit en commission spéciale qu'on ne pouvait pas continuer à reculer l'âge de la retraite alors qu'aucune entreprise ne veut employer des salariés aussi âgés. Ce n'est pas la question ! Ce qu'il faut, c'est que la société française invente les conditions permettant de travailler plus longtemps parce que nous vivons plus longtemps. C'est un défi culturel, qui dépasse toute réforme des retraites et c'est cela aussi qu'on doit engager quand on engage une telle réforme.