Chacun parle de ce qu'il connaît. Moi, dans ma circonscription, je connais deux abattoirs qui transforment les produits carnés, l'un et l'autre emploient près de 3 000 salariés. Cette activité concerne donc environ 6 000 personnes qui ont des conditions de travail et des horaires très durs, et des salaires modestes. Elles souffrent en particulier de TMS – troubles musculo-squelettiques. Monsieur le ministre, vous êtes médecin, vous savez ce que sont les troubles du muscle et du squelette, mais, en général, on en parle très peu, tout simplement parce qu'ils ne tuent pas, pourtant, quand on en souffre, on est cassé.
Quand on travaille dans le froid – ce qui est inéluctable dans un abattoir pour préserver la viande – et dans l'humidité, et que l'on exécute des gestes répétitifs, les taux de TMS montent en flèche. Les poignées, les coudes, les épaules et le cou sont touchés. Ces problèmes sont très réels et très concrets. Que devrai-je annoncer demain à ces salariés ? Ils se disent qu'une réforme est en cours et que l'on va penser à eux. Je voudrais pouvoir leur donner des réponses très précises.
Hélas ! je vais devoir leur expliquer que, même s'ils attendent 62 ans pour prendre leur retraite, même s'ils ont cotisé quarante-trois ans, ils partiront avec un malus, c'est-à-dire une retraite réduite !