Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, je vous félicite à mon tour de siéger désormais sur les bancs du Gouvernement.
L'amendement no 504 , dont le premier signataire est M. Pierre Cordier, vise à rappeler que la prise en compte du nombre d'enfants élevés par les assurés doit permettre de moduler l'âge minimum de départ à la retraite à taux plein.
Je rappelle que, dans le PLFSS pour 2020, nous avons de nouveau raboté l'indemnité journalière pour les mères de familles nombreuses : on est passé d'un taux majoré de 66,6 % à un taux majoré de 50 %. Cela fait partie de votre projet de société, mais c'est une vision de la société que je ne partage pas.
Votre futur système encourage l'individualisme alors que nous devrions continuer à valoriser la solidarité, notamment la solidarité conjugale en préservant les droits conjugaux. On fait le pari de séparations futures, avant les 4 ans de l'enfant. Le couple qui ne se sépare pas sera finalement perdant !
Aujourd'hui, un couple qui a trois enfants a droit à deux types de majoration : des majorations de pension de 10 % pour le troisième enfant, destinées à chacun des deux parents, et des majorations de durées d'assurance qui peuvent permettre de bénéficier de plusieurs trimestres supplémentaires par enfant. Aujourd'hui, les femmes concernées peuvent donc partir sans décote à 62 ans en bénéficiant d'une majoration de pension de 10 %, qui vaudra aussi pour leur mari.
Demain, dans votre système, les familles ayant trois enfants bénéficieront d'une majoration de pension de 5 % par enfant, plus une bonification de 2 %, autrement dit, la majoration de pension s'élèvera à 17 %, mais elle se partagera au sein du couple, et il n'y aura plus de majoration de la durée d'assurance.
Dans ce système, si une femme prend sa retraite à 62 ans, elle se verra appliquer une décote de 5 % par an par rapport à la pension qu'elle aurait perçue à 64 ans. Sa majoration de 17 % sera rognée par la décote de 10 % due à son départ à 62 ans. Cette majoration ne sera finalement plus que de 7 % pour elle seule, car son mari ne bénéficie plus des 10 %.
On passe donc d'un système où le couple pouvait partir à la retraite à 62 ans avec une majoration de pension globale de 20 % à un système dans lequel, au même âge, seule la femme bénéficiera d'une majoration de 7 %. Vous voyez bien que votre réforme ne fait pas que des gagnants : il y aura aussi des perdants. J'aimerais qu'on ne les oublie pas !