Je ne reprendrai pas tous les arguments développés par ma collègue Elsa Faucillon, mais les compléterai en soulignant que la notion centrale de réduction du temps de travail va à l'encontre du discours que vous tenez depuis des mois. Vous expliquez en effet qu'il faut travailler plus longtemps pour équilibrer un système de retraite que vous présentez à tort comme déséquilibré, arguant de l'existence d'un déficit démographique : pour compenser la baisse du nombre de cotisants, ceux qui restent devraient travailler plus longtemps pour payer les retraites – j'en parlais tout à l'heure.
En réalité, vos arguments ne tiennent pas, même en prenant en considération le temps long : depuis maintenant plusieurs décennies, nous travaillons moins – le travail prescrit a considérablement diminué – , alors même que la productivité a été multipliée par trois. Cela signifie bien qu'on peut continuer à réduire le temps de travail, notamment le temps de travail prescrit, tout en permettant à chacun de partir avec une pension digne et en assurant l'équilibre du système – car c'est là aussi essentiel. Telle est en tout cas notre conception d'un système de retraite juste, dont nous avons fait la preuve qu'il serait équilibré s'il était instauré.
La notion de travail prescrit va à contre-courant des fake news que vous colportez depuis des mois, selon lesquelles, pour équilibrer le système, il faudrait sans cesse allonger le temps de travail, jusqu'à la mort, jusqu'à demander aux Français de partir à la retraite les pieds devant pour vous faire plaisir.