On aborde là le coeur d'un débat qui nous oppose. Pour notre part, nous sommes convaincus qu'il existe un lien entre le marché du travail – c'est-à-dire la répartition du travail et des revenus pendant la période d'activité – et la retraite, ne serait-ce que parce que les cotisations permettant de payer les retraites sont clairement liées à l'état du marché du travail. Voilà notre premier point de divergence.
Le deuxième, c'est que nous voulons réduire le temps de travail pour lutter contre le chômage. Nous estimons que, durant la période qui a suivi le passage aux 35 heures, des centaines de milliers d'emplois ont été créés, alors qu'on n'avait jamais observé un tel bond pendant des décennies. C'est pourquoi nous sommes favorables à la semaine de 32 heures. Deux autres arguments plaident en ce sens.
Je pense d'abord au modèle de développement économique que nous souhaitons promouvoir : à l'heure où l'environnement et le réchauffement climatique sont des préoccupations majeures, prôner la réduction du temps de travail, c'est défendre une certaine conception de la croissance, critique de la croissance productiviste et de ses travers.
Par ailleurs, l'avènement de l'égalité entre les hommes et les femmes nécessite une réduction massive du temps de travail pour permettre un meilleur partage entre, d'une part, le temps parental et domestique, et, d'autre part, les autres temps, à savoir ceux de la vie associative, syndicale ou politique.