Comment peut-on prétendre, comme vous venez de le faire, que le chef de l'État était déterminé à s'impliquer sur ces questions, qu'il y avait une volonté politique ? La dernière fois qu'on l'a entendu sur ce sujet, quand il vous a tous réunis au Palais, c'était pour vous dire que 1 000 euros pour tous les agriculteurs, ce ne serait pas possible, qu'il n'y avait pas assez de moyens pour financer une telle mesure ! Cela nous renvoie à la conférence de financement, dont on ne sait finalement pas grand-chose sinon qu'elle continuera de se réunir après que nous-mêmes aurons fini de discuter. Tout cela est lunaire !
Nous vous proposons des amendements qui tendent à garantir un niveau de pension minimal aux retraités agricoles et vous nous répondez qu'il faudrait laisser les choses en l'état sous prétexte que vous vous seriez engagés, que la volonté politique est là. Nous ne vous croyons pas ! Nous avons plutôt envie de croire ce que le chef de l'État a dit quand il s'est exprimé devant vous ! Il a été moins hypocrite puisqu'il a reconnu qu'il n'y avait pas de sous pour ça, que ce n'était pas prévu dans le projet ni au titre de la transition ni plus tard. Les agriculteurs, pas plus que les femmes, ne seront pas les « grands gagnants » de votre réforme, c'est même plutôt le contraire, d'autant qu'il y a aura de toute façon des inégalités flagrantes entre les gros et les petits exploitants.
Tant que vous n'aurez pas fixé des prix rémunérateurs, le problème restera entier : le montant de la retraite sera proportionnel aux revenus du travail agricole. N'apportant aucune garantie, ni en amont ni en aval, vous allez faire les poches à tout le monde, aux agriculteurs comme aux indépendants, à moins d'accepter que votre texte leur garantisse une pension au moins égale à 85 % du SMIC.